Monsieur le ministre, permettez-moi de faire deux remarques préliminaires. L'Europe est en crise, personne ne saurait le nier. Mais cette crise n'est-elle pas due à la boulimie de l'Europe, qui a empilé les compétences à Bruxelles et qui, après s'être élargie, doit aujourd'hui s'amaigrir et s'en tenir à l'essentiel, c'est-à-dire à la gestion d'un continent ?
Deuxièmement, se pose la question de la zone euro. Il est impossible – vous venez de le reconnaître – de mener une politique monétaire unique avec des économies divergentes, et c'est d'autant plus difficile quand on adopte la politique monétaire de l'économie dominante, celle de la Buba – la Bundesbank. Nous ne nous en sortirons pas, je le crains, si nous n'en passons pas par la monétisation de la dette, si nous ne faisons pas baisser l'euro sur les marchés afin de retrouver une compétitivité au plan international.
Ma question concerne plus précisément la concurrence et la politique commerciale de l'Union européenne. Aujourd'hui, le « tout concurrence » de la Commission me paraît complètement décalé par rapport aux économies émergentes qui pratiquent très souvent le dumping social, le dumping économique, le dumping politique et financier, en manipulant leur monnaie sous-évaluée, alors même que la direction de la concurrence de Bruxelles est toujours sur le level playing field. Je suis intimement convaincu que, pour défendre notre industrie, il nous faut aujourd'hui avoir une politique industrielle nationale et communautaire. C'est bien la question fondamentale, car le « tout concurrence » aboutit à la désindustrialisation de la France et de l'Europe.
Aussi, ma question sera-t-elle simple.