Monsieur le ministre, vous avez souligné que l'Europe ne nous précède pas dans notre démarche. Cet euphémisme est une vraie faiblesse, qui atténue l'efficacité de la réforme. Je souhaite que l'Agence européenne du médicament soit réformée à l'instar de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé.
Au delà de ces limites, j'aimerais cependant insister sur plusieurs autres points.
En premier lieu, ne stigmatisons pas la visite médicale, mais réglementons-la. Tel est l'objectif de l'article 19 de votre projet de loi. L'Inspection générale des affaires sociales proposait sa suppression pure et simple ; c'est trop sévère. Votre proposition d'une visite médicale collective à l'hôpital me semble très raisonnable.
En outre, la formation médicale continue ne doit pas appartenir aux seuls laboratoires pharmaceutiques. Nous devons donc la développer mieux qu'elle ne l'est actuellement. C'est l'objet de certains des amendements que j'ai déposés. Il conviendrait même d'instaurer une formation médicale initiale comprenant davantage de thérapeutique.
Qu'en est-il des nouvelles thérapies cellulaires et génétiques ? Un sujet si sensible doit être pris en charge par une agence dédiée. J'ai déposé un amendement créant une agence spécifiquement chargée du contrôle des produits cellulaires et de leurs dérivés, notamment des cellules souches, de la thérapie génique et des fécondations in vitro.
N'oublions pas non plus, après les cellules souches, le sang et ses dérivés, qui doivent être traités à part. L'Institut national de la transfusion sanguine et l'Établissement français du sang doivent rester séparés afin d'éviter que les conditions qui ont permis le scandale du sang contaminé ne se trouvent à nouveau réunies, quelques décennies plus tard.
Monsieur le ministre, le médicament est un élément essentiel de la médecine, mais il n'est pas le seul. N'oublions pas qu'en France, nous disposons en vente en pharmacie d'un panel de 12 000 médicaments différents, contre 2 500 dans d'autres pays. Beaucoup d'entre eux sont inutiles, certains sont même dangereux. Les Français consomment trop de médicaments, qui leur sont trop souvent prescrits. Chaque année, pas moins de 5 à 10 milliards d'euros de médicaments – dont les si nombreuses copies coûteuses – sont remboursés. Des actions sont à mener et à développer tant au niveau des médecins que des Français. Cette loi est bonne mais elle n'est qu'un premier pas vers l'assainissement de notre médecine. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)