Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, mardi matin, dans son discours à Alès, Nicolas Sarkozy s'est voulu rassurant, du moins pour ce qui concerne les recherches d'huiles et de gaz de schiste dans les Cévennes. Le chef de l'État s'est, en effet, engagé à ne jamais délivrer de permis d'exploration et d'exploitation de gaz de schiste par la technique de fracturation hydraulique qui pourrait massacrer le paysage spirituel du parc des Cévennes, récemment classé au patrimoine de l'Unesco.
Cette petite victoire, madame la ministre, nous la devons à la mobilisation citoyenne. Je dis « petite victoire » parce que nous restons, malgré tout, extrêmement vigilants : il reste, en effet, soixante et un autres permis toujours en vigueur. Nous restons également attentifs, dans le Gard, dans le secteur de Saint-Victor-de-Malcap où l'on a déjà procédé à des forages verticaux, mais aussi dans la plaine d'Alès, le bassin d'Alès ou encore de Navacelles – lieu cher à notre collègue Mesquida.
Vous avez déclaré, madame la ministre, que toutes les compagnies ont pris « l'engagement formel de ne pas recourir à la fracturation hydraulique ». Cela me semble insuffisant. Il y a quelques jours, vous avez encore indiqué sur France Inter vouloir lire entre les lignes de certains rapports d'exploitants, notamment celui de Total qui soulignait vouloir poursuivre l'exploration de gaz de schistes par le biais d'autres techniques.
Nous aussi, nous savons lire entre les lignes et nous sommes déterminés à débusquer certains jeux d'écriture permettant d'ouvrir la voie à l'utilisation d'autres techniques qui affectent tout autant l'environnement. Je pense notamment, comme l'a indiqué notre collègue Philippe Martin, à la technique de fracturation pneumatique, qui consiste à injecter non pas de l'eau mais de l'air comprimé dans la roche-mère afin de la désintégrer, ou à utiliser la fracturation en injectant du propane gélifié – deux techniques actuellement expérimentées aux États-Unis. Or nous savons d'ores et déjà que ces techniques posent des problèmes de gestion des déchets, de pollution des nappes phréatiques, de l'air, de destruction de paysages et de perte de biodiversité.
Compte tenu des structures karstiques extrêmement fragiles qui alimentent certaines nappes au sud du département du Gard, mais aussi du faible débit de certains cours d'eau méditerranéens, incapables de diluer les apports polluants, sans oublier les efforts considérables mis en oeuvre depuis plus de vingt ans pour préserver cette précieuse ressource en eau, il me paraît totalement absurde de dégrader des masses d'eau dont on sait qu'elles se raréfient.
Or vous savez pertinemment que les entreprises qui travaillent depuis un an et qui financent des recherches coûteuses ne vont pas laisser tomber une manne si prometteuse. Pour le permis de Montélimar, que vous venez d'abroger et qui couvre ma circonscription dans le Gard, l'engagement financier de Total est de 37,8 millions d'euros. Dans son rapport remis le 12 septembre aux ministères concernés, Total s'est engagé à n'utiliser aucune technique interdite. Si, moi aussi, je lis entre les lignes, je comprends que Total va redéposer prochainement des demandes de permis d'exploration et d'exploitation d'huiles et gaz de schiste via la technique pneumatique et qu'à n'en pas douter, vous lui accorderez ces permis puisque vous n'aurez pas interdit cette technique.