Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la proposition de loi que nous examinons entend créer une épreuve supplémentaire pour les candidats au diplôme national du brevet. L'intention du rapporteur est louable, qui considère qu'il y a une impérieuse nécessité à mettre chaque jeune en mesure de prodiguer des soins de premiers secours : il s'agit, comme il l'écrit dans l'exposé des motifs, de réduire la mortalité : « Chaque année, en France, 60 000 personnes décèdent d'un arrêt cardiaque, 20 000 décès sont imputables aux accidents domestiques et la route a tué 4 000 personnes. On estime que, dans 30 % des cas, le décès aurait pu être évité s'il avait été prodigué des soins de premiers secours dans les minutes suivant l'accident. » Faut-il en conclure qu'il nous faudra, à l'avenir, compter principalement sur les jeunes collégiens pour intervenir dans de telles situations ?
Lors de la réunion de la commission, j'ai formulé deux observations que je voudrais reprendre ici. Comment se fait-il que, dans notre pays, chaque fois que notre société rencontre un problème, on ait tendance à demander à l'école, ou plus exactement au système éducatif, de le prendre en charge et surtout de le résoudre ? Ne croyez-vous pas, mes chers collègues, que les enseignants, les jeunes, qu'ils soient dans le primaire, au collège ou au lycée, ont déjà suffisamment de matières à étudier et d'épreuves à passer et qu'il n'est peut-être pas nécessaire d'en ajouter d'autres, quand bien même ce serait en se fondant sur un constat dont on ne nie pas la justesse ? Ce que demandent les programmes et les rythmes scolaires, ce n'est pas plus d'enseignements, mais un enseignement de meilleure qualité et probablement plus personnalisé.
Ma seconde remarque est plus spécifique à la proposition de loi. Nous parlons de collégiens c'est-à-dire de jeunes ayant entre onze et quinze ans. Certes – nous partageons en cela l'avis du rapporteur –, l'apprentissage des gestes de premiers secours est utile, mais pense-t-on réellement que c'est à des garçons et à des filles aussi jeunes qu'il faut confier la responsabilité d'intervenir dans les situations qu'évoque l'exposé des motifs ? Loin d'être polémique, la question mérite d'être examinée avec la plus grande attention.
En conséquence, ne voulant pas être comptable de votre temps, comme mon collègue Xavier Breton, je ne voterai pas cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)