La privatisation des autoroutes par le Gouvernement Villepin – nul n'est parfait ! – a privé l'État d'une ressource financière régulière. Ce choix a été malencontreux, en particulier quand on songe à la situation budgétaire de notre pays ; il n'en demeure pas moins que l'État reste propriétaire du patrimoine autoroutier et que les sociétés concessionnaires doivent s'adresser à lui pour augmenter le tarif des péages.
Aujourd'hui, toutes les sociétés autoroutières ont considérablement accru leurs profits en même temps que leurs tarifs. Mais elles ont aussi supprimé un très grand nombre d'emplois. Je vous défie de croiser un être humain travaillant sur les sites des péages autoroutiers : on n'y trouve quasiment plus que des automates.
Cette évolution a entraîné une dégradation du service : dès qu'une voiture a un problème, toute une file est bloquée. La fluidité de la circulation au péage était bien meilleure lorsque l'on pouvait s'adresser à un caissier. Ce détail n'est pas négligeable : si l'usager emprunte l'autoroute, c'est bien souvent parce qu'il n'a pas vraiment le temps de prendre un autre itinéraire qui le mènerait moins rapidement à destination.
Est-il normal que, malgré la diminution du nombre d'emplois et celle de la qualité du service, les sociétés d'autoroutes puissent continuer à demander des augmentations de tarif pour pouvoir distribuer toujours plus de profits ?
Mon amendement vise à ce que toute évolution du tarif de péage prenne en compte les profits dégagés par les sociétés délégataires, leur politique de l'emploi et la qualité du service rendu. Autrement dit, si les profits distribués sont déjà élevés et qu'il y a eu des réductions d'emploi, il n'y a aucune raison que l'État accorde une augmentation des tarifs de péage.
Cette disposition donne les moyens au ministre en charge du dossier de porter un regard critique sur le comportement de sociétés qui sont, après tout, gestionnaire d'un monopole : là où passe leur autoroute, il n'en passe pas d'autres…