Monsieur le ministre, je m'indigne à nouveau avec véhémence au sujet des conditions d'examen de ce texte. Si vous nous avez déjà habitués à l'approximation, l'improvisation, la précipitation, vous atteignez ici un niveau supplémentaire. Il nous a été impossible, en commission, d'examiner plusieurs amendements importants du Gouvernement à cause d'un bourrage des photocopieuses de l'Assemblée – à croire que les services n'en disposent que d'une seule. Cette explication ne nous a pas du tout satisfaits et vous comprenez que nous ne pouvons aborder dans de bonnes conditions l'examen d'un texte aussi important en séance publique, un texte qui de surcroît mêle deux sujets : la dette de la Grèce et le projet de loi de finances rectificative proprement dit. Voilà qui n'est pas très sérieux, et il conviendrait d'en tenir compte à l'avenir.
« Bric-à-brac », « colmatage », ce texte paraît néanmoins répondre à une idée fixe, à une ligne de conduite qui ne change pas – je vous en reconnais le mérite. Vous avez un public, des électeurs que vous continuez à soigner tranquillement en essayant de faire croire que vous faites autre chose – on l'a vu à propos de l'ISF, du bouclier fiscal, on verra ce qui se passera en 2014. Eh bien, nous nous trouvons avec le présent texte dans le même cas de figure : ceux qui n'ont besoin de rien ont tout et ceux qui n'ont rien sont encore laissés de côté.
Pire, vous en êtes au point où vous voulez faire croire aux Français les plus modestes qu'ils sont responsables de la crise et qu'il leur reviendra par conséquent de se serrer la ceinture et de payer. Comprenez que nous ne soyons pas du tout d'accord avec un tel principe car, les deux intervenants précédents y sont revenus, ce ne sont pas les Français qui ont creusé le déficit : ils en sont au contraire les victimes. Nous souhaitons par conséquent que vous n'en fassiez pas des coupables.
À chacun ses responsabilités. Prenez les vôtres. Soyez certains que, comme l'a annoncé le président de la commission, nous mènerons sereinement le débat sur le rétablissement de l'équilibre des finances publiques dans les semaines et les mois qui viennent. Nous ne nous gênerons pas pour nous adresser nous aussi aux Français et, au bout du compte, ce sont eux qui choisiront.
Nous voterons la motion de rejet préalable, et je conclus en constatant qu'avec vous nous n'en sommes plus aux ficelles, mais à de véritables cordons ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)