Il est important de les nommer.
Première difficulté : les marchés digèrent actuellement les chiffres de l'activité aux États-Unis et pensent que la croissance mondiale peut en être affectée, dans un contexte où les États-Unis vont devoir à terme se serrer la ceinture. (Exclamations sur les bancs du groupe GDR.) Il est incontestable que la puissance symbolique de la dégradation de la note des États-Unis provoque des interrogations. Nous regarderons de façon extrêmement précise l'évolution des indicateurs.
Seconde difficulté : les investisseurs doutent de la capacité de certains États de la zone euro à rembourser leur dette.
La semaine dernière, le départ d'Athènes des experts de la Commission, de la BCE et du FMI a été interprété comme un signe de manque d'implication de la Grèce. Certaines prises de position en Finlande ou en Slovaquie peuvent également créer l'impression que la gouvernance européenne est bloquée. Cela pèse sur la volonté des grands investisseurs internationaux de refinancer la dette des États de la zone et également sur les cours des banques, notamment européennes, qui inscrivent à leur bilan une partie de la dette de ces États.
Face à ce constat, qui est la réalité nue, je veux délivrer un second message, qui est un message de confiance.
S'agissant de la croissance : nous sommes en discussion avec tous nos partenaires pour nous concerter sur la bonne politique économique : celle qui permettra à la croissance de se maintenir et qui permettra aussi de créer des emplois et de rembourser nos dettes.
Le président Obama doit dire cette semaine quels sont ses projets en la matière : cela nous intéresse tous. Nous ne sommes pas sur une île. Je verrai ensuite, à Marseille, mes homologues et les gouverneurs des banques centrales des pays du G7 pour discuter d'une réponse à la fois coordonnée et adaptée à la situation économique et budgétaire de chacun.
S'agissant de la dette de la zone euro, rappelons une nouvelle fois quelques vérités. Tout d'abord, les fondamentaux de la zone euro sont bons : la zone euro est d'ailleurs moins endettée au total, dettes publique et privée confondues, que les États-Unis ou, a fortiori, que le Japon.
Aux États-Unis, à une dette publique importante s'ajoute une dette privée élevée. Les conditions particulières de ce cumul auxquelles s'ajoute l'incertitude politique, les difficultés de négociation entre l'administration Obama et le Congrès républicain ont créé des interrogations. La zone euro, quant à elle, a des fondamentaux solides. Nous devons certes régler une question de dette publique, mais le taux d'épargne et l'endettement privé n'ont rien à voir avec ceux des États-Unis. J'ajoute que les déficits en zone euro sont plus faibles qu'outre-Atlantique.
Je veux soumettre à votre réflexion un second élément : les banques de la zone ont subi en juillet des tests de résistance qui sont les plus durs jamais réalisés. Entre les deux séquences des stress tests, est intervenue une augmentation des fonds propres d'un certain nombre de banques. La direction empruntée est la bonne : ces évolutions sont positives et significatives. Les stress tests ne prennent pas en compte le défaut d'un État souverain ; nous sommes en train de mettre en place tous les outils qui permettent d'éviter un tel défaut. C'est bien la raison pour laquelle la réussite aux stress tests nous permet d'avoir confiance dans la solidité du modèle bancaire européen, et singulièrement dans celle des banques françaises qui ont passé ces tests. S'agissant des banques européennes, seules neuf petites banques sur quatre-vingt-onze ont échoué et aucune d'entre elles n'est française.
Enfin, les chefs d'État et de gouvernement ont décidé le 21 juillet dernier ce plan d'action complet en faveur de la Grèce et de la zone euro. Ce qu'il nous faut, c'est montrer aux marchés que nous sommes crédibles dans la mise en oeuvre de ce plan. Les discussions sur le programme grec continuent. Nous nous mettons par ailleurs tous en situation d'adopter le plus tôt possible les modifications du Fonds européen de stabilité financière – il s'agit, en quelque sorte, des prémices du « Fonds monétaire européen ».
Dans ce contexte, mesdames et messieurs les députés, monsieur le président, nous aurons l'honneur de vous présenter dans un premier temps les nouvelles modalités de notre soutien à la Grèce, pour ensuite revenir sur cet ensemble de mesures que nous estimons cohérentes, réalistes et équilibrées.
Avant de traiter de la mise en oeuvre du plan de soutien à la Grèce décidée lors du sommet du 21 juillet 2011, je veux au préalable souligner la grande réactivité du Président de la République. (Exclamations et sourires sur les bancs des groupes SRC et GDR.)