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Intervention de Benoît de Laurens

Réunion du 1er septembre 2011 à 9h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Benoît de Laurens, vice-président de l'agence de communication Lowe Strateus Lowe Strateus :

est une agence de conseil en communication d'environ 120 personnes. Elle a été sous contrat avec la DSCR entre 2001 et 2011 grâce à deux renouvellements successifs, en 2004 et en 2007. Depuis dix ans, toutes les campagnes de communication de la sécurité routière ont été créées par notre agence, ce qui a nécessité une forte implication de notre part dans cette thématique et un suivi régulier des enquêtes d'opinion. Sur un sujet tel que celui de la sécurité routière, il faut insister sur l'importance du long terme. Je peux aujourd'hui parler de cette collaboration de façon tout à fait libre dans la mesure où cette dernière s'est inscrite sur le long terme et où elle est désormais achevée. J'en retire quelques convictions personnelles.

En premier lieu, les succès rencontrés ont été le fruit d'une forte volonté politique, d'actions de contrôle et de sanction intelligentes et d'effort de communication. Cette dernière ne s'est pas bornée à accroître l'acceptabilité sociale de la politique de sécurité routière, elle a engendré une réelle demande sociale chez les Français, notamment depuis 2002. Les Français étaient demandeurs de davantage de sécurité routière. Ceci explique que la mise en place des radars ait été acceptée : elle était comprise. Un cercle vertueux s'est donc instauré jusqu'en 2011 entre la demande sociale, les sanctions et la communication. Cependant, nous avons atteint un palier en 2010. Pour le dire simplement, nous avions fait le plein des gens raisonnables et nous arrivions au noyau dur.

Ce cercle vertueux a pris fin sous l'action combinée de deux facteurs. Le rattachement de la DSCR au ministère de l'intérieur a produit un basculement dans l'opinion publique, qui a eu l'impression d'une verbalisation à la chaîne. L'aménagement du permis à points a également eu des conséquences désastreuses. Dans les études d'opinion, 31 % des Français ont dit avoir modifié leur comportement à la suite de cet aménagement. Des mesures fortes ont donc été annoncées, mais qui n'ont pas été comprises car la majorité de nos concitoyens respectent les règles. Ils ont eu le sentiment d'être infantilisés et punis à cause des mauvais chiffres de la sécurité routière, ce qui a provoqué un risque de rejet d'une politique qui était bien acceptée jusqu'à présent.

En fait, ce n'est pas le nombre d'accidents qui a augmenté, mais leur gravité. Il n'est pas rare que des accidents mortels soient le fait de personnes circulant avec 2,5 grammes d'alcool par litre de sang. L'opinion juge donc que les comportements provoquant des accidents mortels résultent de phénomènes marginaux et excessifs et ne comprend pas pourquoi des dépassements de limitations de vitesse de quelques kilomètres heure sont punis. Il est problématique que la peur d'être sanctionné devienne plus forte que la peur de l'accident. En conséquence, les gens s'organisent pour éviter les radars – alors qu'ils sont, de surcroît, rarement contrôlés par les forces de l'ordre qui n'en ont pas les moyens.

La spirale vertueuse a donc connu des ratés, notamment ces derniers mois. Mais si l'on a atteint un palier, il ne s'agit aucunement d'une limite.

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