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Intervention de Laurence Derrien-Lallement

Réunion du 1er septembre 2011 à 9h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Laurence Derrien-Lallement, chef du département communication et information de la direction de la sécurité et de la circulation routières, DSCR :

Oui. Il faut s'y prendre autrement et mobiliser de nouvelles ressources. Il faut tout mettre en oeuvre pour sauver de nouvelles poches de vie, cible par cible, dans un contexte d'opinion publique toujours très majoritairement favorable à la sécurité routière. Le sujet passionne. Il touche notre quotidien et chacun a son avis : il faut tirer parti de cette sensibilité de l'opinion et répondre à une véritable demande de sécurité routière.

La communication joue un grand rôle dans la politique de sécurité routière puisqu'il s'agit tout à la fois de porter des politiques publiques et d'exercer la pédagogie de la sanction. On peut considérer qu'elle a fortement contribué aux progrès spectaculaires enregistrés au cours des dernières années. Aux termes d'enquêtes menées depuis 2005, 70 % des Français indiquent que les campagnes de communication les ont incités à changer de comportement. Un tel taux de réponse positive est très important par rapport aux standards d'efficacité de campagnes analogues.

La communication sur la sécurité routière poursuit trois buts principaux : réduire le nombre d'accidents graves et mortels, rendre acceptable la politique menée, aider les usagers à intérioriser les bons comportements.

Pour les atteindre, il convient d'élaborer une stratégie de communication aussi complète que possible. Notre travail se nourrit de toutes les formes d'études d'opinion, qu'il s'agisse de baromètres, de pré et post tests de campagnes, de groupes qualitatifs ciblés, etc. Il se fonde également sur l'analyse permanente des chiffres de l'accidentalité : qui se tue ? A quel âge ? En appartenant à quel sexe – ce dernier critère étant, on le sait, très clivant - ?

Comme nous l'avons vu, il convient désormais de s'adresser aux personnes qui mettent en danger les autres et elles-mêmes. La communication de la sécurité routière fait l'objet d'un marché quadriennal – qui vient d'être renouvelé – avec une agence de communication, laquelle décline la stratégie quadriennale en plans annuels en fonction des évolutions de l'accidentalité et des modes de communication - cf. la prise en compte de l'apparition des Smartphones et des réseaux sociaux.

Dans le champ de la communication, l'action très soutenue du Délégué interministériel à la sécurité routière mérite d'être rappelée puisque le Délégué donne environ 200 interviews par an, cependant que son service de presse répond à 600 sollicitations annuelles. Il s'agit de mener une communication pro active car il a été établi que plus on parle de la sécurité routière, quelle que soit la tonalité du message, mieux c'est pour l'accidentalité.

Chaque campagne d'envergure fait l'objet de pré et post tests. Dans le processus d'élaboration d'une campagne, il y a l'identification de pistes créatives, puis leur validation par des groupes qualitatifs pour prévenir d'éventuelles erreurs d'interprétation. Une fois que la campagne s'est déroulée, nous procédons à un test quantitatif sur un échantillon de 1000 personnes, à partir de questions quasi barométrisées sur les thèmes « la campagne a-t-elle été vue ? » et « a-t-elle été efficace ? ».

De nouveaux axes et leviers de communication doivent être recherchés en permanence. Je pense notamment à la campagne de spots télévisés de 30 secondes intitulée « Les coups de fil », où l'on comprend que la personne qui décroche son téléphone apprend la perte d'un proche dans un accident de la route. Nous avons constaté que, dans les publics les plus récalcitrants – en gros, les jeunes hommes –, cette campagne avait eu un retentissement considérable car si eux-mêmes étaient assez imperméables aux messages de prévention, l'idée que leur mère puisse être confrontée à une telle annonce les perturbait fortement.

De même, le court-métrage de six minutes exclusivement diffusé sur Internet et intitulé « Insoutenable » a rencontré un succès phénoménal puisqu'il s'agit de la vidéo la plus vue sur les plateformes Internet en 2010. Son impact a été encore augmenté par l'énorme buzz qu'il a suscité.

Parallèlement, les leviers classiques de communication doivent être actionnés : pédagogie du risque et de la règle, rappel de l'idée qu'il n'y a pas de fatalité, absence de relâchement de l'action publique face à la demande de sécurité routière.

A l'heure où l'on voit – et c'est heureux ! – de moins en moins d'accidents sur le bord des routes, il importe de montrer la réalité des faits sans céder pour autant à la tentation du trash pour le trash. En outre, l'exposition des tragédies de la route doit toujours s'accompagner d'un message délivrant une solution, en veillant à s'adresser à l'interlocuteur sans injonction ni infantilisation. Il est de notre responsabilité de faire appel à l'intelligence de nos concitoyens.

En fonction de la cible et du support, une grande variété de registres s'offre à nous. Il y a le registre de l'émotion, dont témoigne la campagne « Les coups de fil » que j'évoquais à l'instant. Celui de l'indignation, avec le film « Insoutenable ». L'exemplarité, par le rappel des centaines de milliers de vies sauvées depuis un demi-siècle. La prévention, bien sûr, avec le personnage du conducteur sobre appelé SAM, très bien identifié par les 18-25 ans, l'idée étant de créer une véritable « génération sécurité routière », en profitant du fait qu'elle a déjà intégré un grand nombre de bonnes pratiques comme le bouclage de la ceinture de sécurité. Enfin, il y a le registre de l'humour et de la connivence, avec la campagne sur le gilet jaune réalisée avec la complicité de Karl Lagerfeld, qui a presque fait de la chasuble réfléchissante un objet fashion !

L'efficacité de nos actions repose sur l'alternance des moyens et des registres et sur la qualité des partenariats noués avec tout le réseau des acteurs de la sécurité routière – associations, entreprises, acteurs économiques et institutionnels…

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