Comme l'a exposé mon collègue, l'acceptabilité sociale d'une politique publique telle que celle de la sécurité routière se situe à la confluence d'enjeux sociaux et personnels. Au plan collectif, la politique de sécurité routière suscite une adhésion massive, chacun étant favorable à la diminution du nombre de morts. A l'échelle de l'individu, force est d'admettre que nos enjeux personnels mettent à l'épreuve notre acceptation des mesures prises.
Trois variables me semblent essentielles pour rendre acceptable une telle politique : la bonne information de ses destinataires, la perception de l'équité des mesures prises, la perception de leur efficacité.
L'information constitue la première condition d'acceptabilité : je dois connaître et comprendre la politique menée, dans ses objectifs comme dans ses modalités. A cet égard, un travail important a été accompli pour faire prendre conscience du risque lié à la vitesse préalablement à l'installation du système de CSA. Parallèlement, la politique menée gagne en crédibilité si les modalités de sa mise en oeuvre sont aisément compréhensibles.
L'équité et la justice perçues sont déterminantes. Dans la mesure où l'usager est directement confronté au système, il est essentiel qu'il en comprenne les objectifs et qu'il ne considère pas que son application se fait à son détriment.
L'efficacité perçue est éminemment variable, comme en témoignent les appréciations très divergentes portées sur les évolutions des vitesses limites autorisées. Les représentations de la vitesse participent très étroitement de l'acceptation sociale des politiques menées : celui qui associe la vitesse au danger sera plus enclin à accepter le CSA et le LAVIA que celui qui l'associe au plaisir et à la liberté.
Cependant, les représentations ne sont pas figées et elles évoluent dans le temps, du fait notamment des politiques menées : aujourd'hui, celui qui se plaint d'avoir été verbalisé pour avoir circulé à 60 kmh en ville ne rencontre plus aucun écho favorable dans son entourage. Son indignation risque même d'être fort mal perçue par son environnement social.
Toutefois, si les pouvoirs publics laissent augurer un changement de tendance, les représentations n'évoluent plus ; in fine, l'acceptation sociale est entamée et l'on aura le plus grand mal à la restaurer.
La communication publique trouve la limite de son efficacité dans le fait que ce sont les pratiques qui comptent plutôt que les discours idéologiques. Le bon équilibre entre la prévention et la sanction se vérifie dans les actes plutôt que dans les déclarations d'intention.
Enfin, pour être acceptable, la politique de sécurité routière ne doit pas ignorer les facteurs d'accidentalité qui ne sont pas directement liés aux comportements humains.