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Intervention de Bernard Laumon

Réunion du 1er septembre 2011 à 17h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Bernard Laumon, directeur de recherche à l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux à l' IFSTTAR,, ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement et ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Expérimentalement, on note une dégradation des performances dès que le conducteur est alcoolisé, quelle que soit la dose absorbée. En revanche, aucun accident ne serait imputable à des alcoolémies inférieures à 0,5 gramme par litre de sang – un projet européen, Driving under the Influence of Drugs, Alcohol and Medicine (DRUID), est en train d'analyser les études publiées sur le sujet.

Ce paradoxe s'expliquerait par le fait qu'un conducteur alcoolisé à faible dose aurait conscience d'une dégradation de ses capacités et qu'il la compenserait par une plus grande prudence au volant, suivant un mécanisme similaire à celui observé chez les personnes âgées ; au-delà d'un certain seuil, en revanche, le conducteur n'a plus conscience des effets de l'alcool sur sa conduite, ce qui lui fait courir un risque d'autant plus grand que la probabilité de provoquer un accident augmente très rapidement avec la dose absorbée : au-delà de 2 grammes par litre de sang, le risque d'être responsable d'un accident mortel est multiplié par 40 ou 80, selon les études. L'effet-dose est une des caractéristiques de l'alcool.

Néanmoins, peut-être serait-il pertinent d'abaisser le taux d'alcoolémie autorisé à un niveau inférieur à 0,5 gramme, dans la mesure où cela permettrait de tirer toutes les alcoolémies vers le bas et de réduire les taux supérieurs à 0,8 gramme, qui sont aujourd'hui responsables du plus grand nombre de morts sur la route.

Notons toutefois qu'il est absurde, sur le plan scientifique, de parler d'alcoolémie zéro, puisque l'organisme est susceptible de fabriquer de l'alcool à très faible dose : on peut avoir une alcoolémie positive, tout en n'ayant jamais consommé d'alcool de sa vie.

J'ai conscience que ma réponse est quelque peu ambiguë, mais c'est tout ce que l'on peut dire du point de vue scientifique et accidentologique !

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