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Intervention de Gilles Carrez

Réunion du 31 août 2011 à 16h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Carrez, rapporteur général :

Par 2,2 milliards d'euros en année pleine, il faut entendre le produit total attendu – y compris les prélèvements sociaux, dont le taux va augmenter. Il est vrai que la méthode d'évaluation a été, semble-t-il, modifiée. Depuis deux ans, je ne cesse de proposer que les plus-values immobilières soient assujetties aux prélèvements sociaux. Chaque fois, on me répond que le rendement d'une telle mesure, estimé à 150 ou 200 millions, est insuffisant ; or, lorsque j'ai à nouveau préconisé la même chose en juillet, l'estimation est passée à 900 millions pour les seuls prélèvements sociaux, montant qui s'ajoute au 1,2 milliard de rentrées fiscales supplémentaires. Toutefois, l'estimation part du postulat que le comportement des vendeurs potentiels demeurera inchangé, ce qui n'est pas certain.

Les amendements présentés montrent qu'il existe deux options, au demeurant incompatibles. La première consiste à prolonger la durée de détention au terme de laquelle l'exonération est acquise, comme le propose M. de Courson. La seconde est, si l'on supprime les abattements en vigueur, de régler les problèmes que cela suscite, qu'il s'agisse des biens possédés de très longue date, de la prise en compte des travaux réalisés ou de la considérable disparité de traitement entre la résidence principale, dont le produit de la cession reste exonéré, et les autres biens immobiliers, dont la plus-value sera d'un seul coup taxée à 32,5 %.

La taxation des plus-values immobilières a beaucoup varié au fil des décennies. Jusqu'à juillet 1976, elles n'étaient, à l'exception des plus-values spéculatives, assujetties à rien. Ensuite, et jusqu'en 2004, elles ont été soumises au barème fiscal mais il y avait un très grand nombre d'exonérations, y compris pour les résidences secondaires. La mobilité professionnelle était encouragée de la manière rappelée par M. Michel Bouvard, et la prise en compte des travaux anciennement réalisés a eu lieu de manière progressive entre 1976 et 2004. La réforme adoptée cette année-là conduisant à l'exonération complète de la plus-value immobilière au bout de quinze ans, il a paru inutile de conserver les dispositions antérieures. Aujourd'hui, le Gouvernement propose la suppression du régime d'abattement, mais sans rien rétablir de ce qui a été supprimé en 2004. Cela entraîne plusieurs difficultés auxquelles les amendements de MM. Bouvard et Mariton tentent de remédier.

L'option choisie par le Gouvernement est une mesure dure. D'ici lundi, nous devrions nous être accordés sur une rédaction plus acceptable de cet article, que nous pourrons soumettre au Gouvernement. Mais, des cinq mesures proposées dans ce collectif, c'est probablement celle qui soulèvera les réactions les plus vives.

Pour finir, je ne vous cacherai pas ma crainte que le dispositif proposé, même si nous le corrigeons, et bien qu'il soit probablement de grande utilité à moyen terme, n'ait des effets très durs sur le marché immobilier au cours des six mois qui viennent.

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