Si, c'est exactement le sens à la fois du projet de loi et des propos tenus à l'instant par Mme la ministre. Je l'ai écoutée, semble-t-il, plus attentivement que vous !
Laissez-moi vous citer sur le sujet les propos de M. Robert Castel, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales : « Il me semble que la survalorisation actuelle de la valeur travail s'inscrit parfaitement dans une stratégie – cela convient d'être souligné. Il y a actuellement une extraordinaire pression, pour ne pas dire un chantage au travail. On est bien loin des discours qui, entre nous, étaient un peu imbéciles sur la fin du travail, mais on n'en parle plus aujourd'hui, pas plus qu'on ne parle de la réduction du temps de travail. Tout le monde doit travailler, il ne faut pas être un assisté, et même il vaut mieux ne pas être un chômeur puisque beaucoup d'entre eux sont accusés d'être des chômeurs volontaires. Il faut que tout le monde travaille, évidemment à condition de ne pas être trop regardant sur le salaire et les conditions de travail. C'est-à-dire qu'il faut accepter d'être un travailleur précaire, d'être un travailleur pauvre, d'être un travailleur installé dans le sous-emploi. C'est ainsi que l'on pourrait concevoir l'accès à la pleine activité sans restauration du plein-emploi. Cela supposerait de revenir sur la caractérisation de l'emploi, en tout cas telle qu'elle s'était imposée dans la société salariale française ».
Madame la ministre, par vos propos, vous avez justifié les craintes que nous exprimons depuis plusieurs heures déjà.