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Intervention de Xavier Bertrand

Réunion du 5 juillet 2011 à 14h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Xavier Bertrand :

Je précise que si nous souhaitons la légalisation de la circulation interfiles, c'est afin de pouvoir l'enseigner. Vous vous êtes demandé si ce mode de déplacement était ou non légal. En fait, nous sommes face à un vide juridique : le code de la route ne le prévoit pas – pas plus qu'il ne prévoit les embouteillages récurrents, deux fois par jour, sur certains axes.

Il s'agit d'une circulation en décalé entre les voitures et les nombreux fourgons, qui masquent la visibilité. En effet, sur une moto, encore plus qu'en voiture, il est particulièrement important de voir très loin. N'oubliez pas qu'on conduit une moto en équilibre. Cet équilibre est autostabilisé dès les plus basses vitesses, mais les anticipations aux freinages, aux accélérations et aux changements de chaussée dépendent essentiellement de la visibilité.

Quoi qu'il en soit, nous avons déterminé, avec les services de la Direction de la sécurité et de la circulation routières (DSCR), quatre cas de figure : la circulation complètement arrêtée ; la circulation fortement ralentie ; la circulation dense mais roulante ; la situation normale. La remontée de files n'est envisageable que dans le cas du trafic totalement arrêté ou très fortement ralenti, avec des phénomènes d'accordéon.

Reconnaître cette possibilité de circulation interfiles permettrait de l'enseigner. Nous nous sommes aperçus que bien des motards la pratiquaient de façon dangereuse. Je suis moi-même très souvent obligé de me pousser, parce qu'un deux-roues roule trop près derrière moi et risque de me percuter, si je dois éviter un automobiliste qui change lui-même de file. Une formation permettrait d'apaiser cette pratique de la circulation interfiles, et amènerait les motards à prendre conscience des risques.

Plus généralement, rouler en deux-roues motorisé entraîne des risques qu'on ne fera jamais disparaître. Mais on peut enseigner ces risques, comme on le fait pour la plongée sous-marine ou la course en montagne.

Cela suppose d'abandonner le discours qui consiste à dire : vous faites de la moto, c'est dangereux et si vous avez des accidents, vous en êtes responsables. De fait, on s'est aperçu que la faute du motard était inférieure à la faute, même non intentionnelle, de l'automobiliste. Il s'agit le plus souvent d'une faute d'inattention. En outre, le rapport MAIDS montre que la majorité des accidents en moto intervient à moins de 50 kmh, ce qui confirme que les risques en moto ne sont pas ceux qui sont mis en avant dans les communications publiques.

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