Le rapport Guyot, qui comptait 280 pages, fut le premier rapport gouvernemental français sur la sécurité des deux-roues motorisés. On peut d'ailleurs s'étonner qu'il ait fallu attendre 2008 pour un tel rapport, alors que ce mode de transport est pratiqué en France depuis des dizaines d'années.
Je reconnais néanmoins que l'usage des motos s'est profondément modifié ces dix dernières années. Le parc s'est accru de 60 %. 50 % des personnes circulant en deux-roues motorisés entendent ainsi faciliter leurs déplacements quotidiens dans les grandes agglomérations. Mais les nouveaux pratiquants ne sont pas tous formés comme il le faudrait et des conflits surgissent avec les autres usagers, essentiellement les automobilistes. C'est ce que les chercheurs en sécurité routière appellent des « incidences entre les différents usages ».
Les automobilistes, de leur côté, ne sont pas formés à la coexistence avec les conducteurs de deux-roues qui, à Paris, représentent déjà 15 % du trafic. Chacun d'entre nous se souvient d'avoir été doublé par un motard qui roulait très vite, que l'on n'avait pas vu arriver, qui remontait les files, etc. Bien des fantasmes persistent, notamment chez ceux qui n'ont aucune expérience des deux-roues et ne savent pas comment ils se déplacent.
Au sein de la concertation à laquelle nous avons participé pendant deux ans, nous avons travaillé avec des assureurs, avec les chercheurs de l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS), aujourd'hui rebaptisé Institut français des sciences et des technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (IFSTTAR) – né de la fusion entre l'INRETS et le Laboratoire central des ponts et chaussées (LCPC) – ainsi qu'avec les fonctionnaires du Centre d'études sur les réseaux et techniques de l'urbanisme (CERTU). Avec ces derniers, nous avons étudié, notamment, comment rendre les infrastructures routières moins dangereuses pour les usagers de deux-roues. Nous avons également travaillé avec des représentants d'associations, en particulier les associations dites de sécurité routière : Prévention routière, Ligue contre la violence routière, « Victimes et Citoyens », etc.