Bien que l'auteur considère son amendement comme un amendement d'appel, j'estime pour ma part qu'il est bien plus important que cela. Dans les années précédentes déjà, la question de l'illettrisme a été abordée sur plusieurs bancs, à l'Assemblée nationale comme au Sénat, à l'occasion de l'examen de deux textes dits « majeurs » : la loi pour la cohésion sociale et la loi pour l'égalité des chances. Le constat est connu ; il a été dressé par l'Éducation nationale, à l'occasion de la journée d'appel à la défense ou par d'autres intermédiaires – il a en particulier fait l'objet d'études importantes. Nous nous trouvons dans une situation extravagante : tout le monde est d'accord pour lutter contre l'illettrisme ; et pourtant, on nous rétorque à chaque fois que ce n'est pas le bon moment, ou pas la bonne place. Si le texte que nous examinons est « majeur », il doit aussi s'intéresser à ceux qui sont les plus éloignés de l'emploi, et parmi lesquels figurent des personnes illettrées !
Signalons en outre que les moyens alloués à la lutte contre l'illettrisme ont été considérablement diminués, et pas que dans le budget national : les crédits attribués par le fonds social européen aux actions menées dans la région Ile-de-France se sont ainsi effondrés, ce qui, dans mon département des Hauts-de-Seine, a contraint deux associations qui s'occupaient exclusivement d'illettrisme à mettre la clef sous la porte, faute de financement – elles étaient pourtant vieilles de plus de quinze ans !
Si l'amendement est maintenu, je le voterai, parce que je considère qu'il s'agit d'une urgence sociale. Vous ne réussirez pas à rapprocher de l'emploi les personnes illettrées sans un travail de longue haleine et sans des moyens conséquents – et si ceux-ci bénéficient à telle structure plutôt qu'à telle autre, finalement, peu importe !