…dont la page intitulée « Révolte du 17 février 2011, jour de colère en Libye » était sans équivoque, les rassemblements populaires se sont multipliés, certains d'entre eux anticipant même ces mots d'ordre puisqu'ils débutent dès le 15 février dans la deuxième ville du pays, Benghazi. Immédiatement, Kadhafi déclenche une répression brutale et sanglante contre son propre peuple en quête de réformes, de considération et de liberté ; le nombre de tués et de blessés croît très rapidement ; on évalue à 6 000 le nombre de personnes assassinées à Benghazi dès les premiers jours de la révolution.
La gravité de la répression et les menaces proférées par Kadhafi imposaient une réaction dans l'urgence : la France prend immédiatement toute la mesure de la nécessité de protéger la population libyenne, elle exhorte la communauté internationale à réagir tout en adoptant une approche graduelle de cette réaction. La Ligue arabe et l'ONU prennent rapidement position contre l'attitude du régime à l'égard de ses citoyens. Dès le 22 février, une déclaration du Secrétaire général de l'ONU est adoptée, suivie le 26 par la résolution 1970 qui saisit le procureur de la Cour pénale internationale sur la situation, impose un embargo sur les armes, gèle les avoirs et interdit à Mouammar Kadhafi de se déplacer, enfin, appelle les États membres à travailler ensemble à l'aide humanitaire en Libye. Le Conseil de sécurité fait une référence claire à la « responsabilité de protéger ». La France conseille fortement à ses propres ressortissants de quitter la Libye et, dans la nuit du 22 au 23 février, rapatrie 391 personnes – dont 335 compatriotes – à bord de deux avions de l'armée de l'air.
Kadhafi reste sourd aux appels de la communauté internationale et, au contraire, intensifie la répression en utilisant contre le peuple libyen de puissants moyens militaires. Cela oblige, le 17 mars, le Conseil de sécurité de l'ONU à présenter la résolution 1973, qui autorise les États membres des Nations unies et les membres de la Ligue arabe à prendre toutes les mesures utiles pour protéger les populations civiles. La France prend toutes ses responsabilités, dans le cadre strict des résolutions du Conseil de sécurité, et intervient pour protéger la population des frappes des forces de Kadhafi. Elle apporte aussi une aide humanitaire et une aide médicale d'urgence. Ce sont ainsi plus de 100 tonnes de fret et de matériel médical, destinées en particulier à Misratah, qui sont convoyées par les ONG et par la Croix-Rouge. Elle apporte une aide tous azimuts aux réfugiés, en partenariat avec le HCR et avec l'Organisation internationale pour les migrations. On considère aujourd'hui que plus de 1 million de personnes ont quitté la Libye, sur une population totale de 7,5 millions d'habitants.
L'opération militaire déclenchée par la coalition formée autour de la France, des États-Unis et de la Grande-Bretagne, à laquelle ont participé dès le début de nombreux pays arabes, tels la Jordanie, les Émirats arabes unis et le Qatar, a permis rapidement la destruction des moyens antiaériens de l'armée libyenne et la réduction des capacités du colonel Kadhafi d'user de la force contre son peuple.
Au sol, la rébellion gagne chaque jour du terrain. Elle est organisée en brigades d'une centaine d'hommes, les Katibat, qui savent user d'ingéniosité pour remettre en service les armes saisies aux troupes de Kadhafi. Ces hommes continuent à avancer vers Tripoli, dont ils ne sont plus qu'à 150 kilomètres.
Politiquement, les Libyens sont passés d'une opposition spontanée, désorganisée, éclatée, à une autorité de fédération, le Conseil national de transition, qui est aujourd'hui reconnu par onze pays européens et par l'Union européenne, ainsi que par des pays africains tels le Sénégal, la Gambie et le Tchad, lequel prend aujourd'hui ses distances avec Kadhafi. Même des pays qui le soutenaient au départ, tels la Turquie, la Russie et la Chine, ont entamé un dialogue informel avec le CNT.
Kadhafi a donc bel et bien perdu la bataille diplomatique.