Ne fragilisons donc pas cette avancée considérable du droit international en allant au-delà de ce qui fait l'objet d'un consensus. Si nous réussissons à obtenir une solution politique qui mette fin à la violence en Libye, nous aurons atteint nos objectifs. N'oublions pas que le concept de droit d'ingérence que la France a cherché à promouvoir a été rejeté par les pays du Sud, et ce avec une grande constance. La récente déclaration du ministre de la défense par laquelle il se dit favorable à un arrêt des bombardements dès lors que les Libyens se parleront entre eux me semble parfaitement répondre à l'idée que je me fais de notre « responsabilité de protéger ». D'ailleurs, en écho, le Premier ministre libyen a répondu et, dès aujourd'hui, nous avons pu constater dans la presse qu'il appelait à une discussion avec les insurgés et avec les Français.
Il ne nous appartient pas non plus de rechercher ou de provoquer une partition de ce pays. Nous entrerions dans l'exercice d'un droit d'ingérence qui n'est pas accepté par l'ensemble de la communauté internationale et qui serait un facteur de division, sans parler d'une situation tout à fait imprévisible que nous aurions contribué à créer. Nous perdrions le soutien du monde arabe et celui des pays africains, ce que nous ne pouvons pas nous permettre.
Vous voudrez bien, monsieur le ministre de la défense, nous éclairer sur quelques points. La mise en oeuvre de cette intervention semble engendrer certaines dissensions au sein de l'Alliance atlantique : peuvent-elles être surmontées de manière satisfaisante ?
Le chef d'état-major de la marine nationale a émis des doutes quant à la capacité de notre porte-avions et de son groupe aéronaval à poursuivre ses opérations jusqu'à la fin de l'année. L'organisation du maintien en condition opérationnelle du matériel est-elle aujourd'hui optimisée ?
Quels enseignements tirez-vous de cette opération en ce qui concerne le degré de sophistication des munitions tirées en fonction de la nature des cibles, compte tenu du recours par le régime Kadhafi pour mener ses opérations offensives à de petits véhicules de type quatre-quatre non blindés ?
Mes prédécesseurs à la tribune ont déjà évoqué le surcoût de cette intervention, qui représente environ 1 million d'euros par jour.