Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre d'État, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, dans le contexte du printemps arabe, qui ne pouvait laisser notre pays indifférent sans qu'il renie ses valeurs, sur décision du Président de la République, nos armées se sont engagées, depuis le 19 mars, dans une action visant à mettre fin aux actes d'une violence inouïe contre le peuple libyen, qui ne demandait rien d'autre que la liberté et le respect de sa dignité.
C'est dans une région du monde particulièrement complexe que la France est intervenue, sans ignorer les difficultés de son engagement. Il me semble évident que la France ne pouvait assister passivement au massacre à l'arme lourde d'une population civile. Le but de notre armée a été atteint puisque, aujourd'hui, les armes lourdes, l'aviation n'interviennent plus contre le peuple libyen. Il convient maintenant de consolider la protection de ce peuple.
Il est probablement trop tôt pour dresser un bilan de cette opération. Le régime de Kadhafi est toujours en place, mais il est aux abois et, en tout cas, il n'a plus l'initiative militaire.
Nous savons qu'aucune crise contemporaine ne s'est réglée rapidement. Nous devons être prêts à nous engager pendant la durée nécessaire à l'émergence des conditions d'une solution politique. Nous avons pris des engagements vis-à-vis de la communauté internationale et vis-à-vis du peuple libyen. Je ne peux imaginer que la France prenne maintenant le risque de perdre sa crédibilité. Abandonner le peuple libyen, après avoir fait naître un immense espoir chez lui, me semblerait incompatible avec nos valeurs, celles sur lesquelles notre pays s'est bâti, celles qui nous rassemblent et qui garantissent notre identité ainsi que notre unité.
Nous le savons tous, ce n'est que sous la pression d'un rapport de force défavorable pour lui que le colonel Kadhafi acceptera de mettre fin aux tourments de son propre peuple. L'entrée en action des hélicoptères britanniques, et surtout français, contribue à modifier la donne, car la peur qu'ils inspirent réduit ce qui reste de volonté de combattre chez les partisans de Kadhafi. La pression de la communauté internationale grandit de jour en jour, et je constate que le régime de Kadhafi commence à parler d'élections : il ne l'aurait jamais fait sans le succès des opérations militaires engagées contre lui par une coalition internationale.
Je me réjouis que nous ayons pu tenir ce débat aujourd'hui, car, au-delà de l'application de la réforme de la Constitution voulue et mise en oeuvre par le Président de la République, il me semble important que les Français puissent connaître le sentiment de la représentation nationale sur une opération militaire d'une telle importance décidée par le pouvoir exécutif. Je me félicite aussi de la possibilité ainsi ouverte d'un dialogue entre la majorité et l'opposition.
Permettez-moi, mes chers collègues, de rappeler qu'il est au moins un point, aussi fondamental qu'incontestable, sur lequel on ne peut, toutes tendances politiques confondues et par-delà tout clivage idéologique, que s'accorder : c'est au nom des principes universels les plus inaliénables, à commencer par les droits de l'homme et la liberté des peuples, que cette intervention est menée.
La tentation de certains membres de l'opposition de considérer que l'on aurait pu obtenir par la négociation la cessation de la répression contre le peuple libyen fait preuve d'une grande naïveté alors que ce régime repose depuis plus de quarante ans sur une véritable tyrannie.