Cela étant, notre critique de la diplomatie française ne peut en aucun cas être interprétée comme une forme de complaisance à l'égard du régime libyen. Car, contrairement au chef de l'État, nous n'avons jamais changé d'avis sur le dictateur Kadhafi !
Notre ligne politique est claire et cohérente. Comment ne pas être révolté par les attaques perpétrées contre des zones résidentielles de Misratah, par les tirs répétés de roquettes, de mortiers et de bombes à sous-munitions sur les civils ? Mais la protection des populations civiles ne peut servir à cautionner une campagne de bombardements !
Aujourd'hui comme hier, nous exigeons donc l'arrêt instantané des opérations de bombardement et un cessez-le-feu immédiat.
Dès le mois de mars, notre collègue Roland Muzeau avait parfaitement expliqué notre refus de cette guerre, soulignant que la communauté internationale n'était pas unanime, mettant en garde contre la précipitation et les risques d'enlisement et de partition du pays, rappelant surtout, avec Rony Brauman, cette évidence : on n'impose jamais la démocratie et la paix par des bombes.
La suite des événements nous a tragiquement donné raison. La résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, destinée à protéger la population civile et à imposer un cessez-le-feu, est un échec politique et militaire. On savait déjà que l'Inde, la Chine, le Brésil, l'Allemagne, la Russie et plusieurs pays d'Amérique latine avaient refusé de soutenir l'offensive militaire.