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Intervention de Bernard Cazeneuve

Réunion du 12 juillet 2011 à 15h00
Débat et vote sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces armées en libye — Ouverture du débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Cazeneuve :

Enfin, pour identifier la bonne issue, il faut, comme vous l'avez indiqué, que les choses s'accélèrent au niveau diplomatique et politique. À cette fin, les négociations doivent se poursuivre avec le Conseil national de transition et toutes les forces libyennes susceptibles d'incarner une relève. Et plus vite cette relève s'incarnera, plus étroitement la communauté internationale s'unira pour lui conférer une crédibilité, plus tôt le dictateur, isolé sur la scène internationale et privé des moyens d'agir, tombera.

Tout cela ne peut se faire que dans le cadre rigoureux de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous ne devons donc pas engager d'action qui nous conduise à outrepasser ce cadre, non plus que le cadre multilatéral porté par le groupe de contact où se retrouvent bon nombre des acteurs censés piloter l'opération avec nous.

De ce point de vue, monsieur le Premier ministre, nous nous opposons avec la plus grande force aux largages d'armes et aux livraisons d'armes au Conseil national de transition, par lesquels la France s'éloigne de la lettre et de l'esprit de la résolution 1973.

En outre, vous le savez, cette action que nous avons menée, manifestement sans grande concertation, a suscité un grand trouble au sein de l'Union africaine et chez plusieurs membres de la Ligue arabe. Les pays de l'Union africaine sont en effet très nombreux à considérer que la paix suppose, comme vous l'avez dit, le retour dans les casernes et le désarmement des belligérants, et non l'armement de certains d'entre eux sous prétexte de restaurer l'équilibre des forces.

En poursuivant cette politique, nous éloignerions donc de nous un grand nombre de nos partenaires, nécessaires à la crédibilité diplomatique de l'opération dans laquelle nous sommes engagés. En outre, nous contribuerions à disséminer des armes dans une zone éminemment sensible et dangereuse et à les mettre finalement entre les mains des guérillas africaines, voire d'Al-Qaida au Maghreb islamique, ce qui serait très préjudiciable à la sécurité de la région. S'exprimant devant notre commission des affaires étrangères, le chef de la diplomatie malienne a ainsi qualifié le théâtre libyen d'« arsenal à ciel ouvert » en raison des trafics d'armes qui se développent sur place. Nous ne pouvons absolument pas nous permettre d'y contribuer.

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