Nous ne sommes pas dupes : en fin de législature, confrontés à un déficit abyssal creusé par des gouvernements dirigés par la majorité – en 2012, vous aurez exercé le pouvoir depuis dix ans –, vous tentez une manipulation très politicienne. Vous êtes submergés par le déficit ? Qu'à cela ne tienne, le Président de la République a une idée : faire voter une loi interdisant le déficit.
Le cas allemand a été évoqué. Dans ce pays, il existe bien une règle d'or mais, compte tenu des décisions prises par Mme Merkel et par les libéraux consistant à baisser à nouveau les impôts, tous les analystes s'accordent pour considérer que cette règle ne pourra pas être respectée. Comme nous l'avons fait nous-mêmes en matière de gestion de la dette sociale, les Allemands devront sans doute adopter une nouvelle loi pour revenir sur leur propre règle.
Imaginer que les politiques menées demain et après-demain seront dictées par des lois organiques, est un acte de foi dans le pouvoir juridique qui honore sans doute le garde des sceaux, dont la fonction est de faire respecter la loi, mais qui ne correspond pas à la réalité humaine. Vous le savez très bien, monsieur Mercier.
Ce matin, j'entendais des commentateurs avertis expliquer que, grâce à cette savante manoeuvre, le Président de la République et le Premier ministre allaient mettre l'opposition dans un corner. Je ne sais pas pourquoi, ils emploient un mot anglais ; ils pourraient simplement parler de coin. C'est sans doute l'influence du football. Pour ma part, je me méfie des équipes à onze ; je préfère celles à quinze joueurs, si vous voyez ce que je veux dire. (Sourires.)