J'aurais pu également évoquer, comme signe de votre manque d'engagement, votre projet de budget, dont la mission « Ville et logement » comportait une baisse de 10,5 % sur trois ans. Assurément, il était révélateur d'un manque d'anticipation de la crise, malgré l'amoncellement, depuis de nombreux mois, des signes annonciateurs : je pense notamment aux faillites des ménages et des banques aux États-Unis, ainsi qu'à l'effondrement de la construction en Espagne.
J'hésite, je l'avoue, dans le diagnostic de cette impréparation, entre l'aveuglement lié à la persistance, dans votre majorité, du dogme libéral du « tous propriétaires », et la croyance selon laquelle l'actuel Président de la République serait capable de régler tous les problèmes par le simple fait de les énoncer, croyance qui constituerait, en quelque sorte, la ligne Maginot du bien-être de la France.
Certes, la crise vous a contrainte à élaborer précipitamment un plan de relance, mais celui-ci ne compense pas votre manque d'engagement budgétaire.
Il nous fallait un changement de cap, une ambition, pour enfin corriger les déséquilibres. Vous nous proposez la captation des ressources du 1 % et la fragilisation de ses réseaux locaux. Non pas que nous soyons nostalgiques de pratiques parfois troubles, auxquelles il devait être mis fin. Mais la manière dont vous avez agi met en péril les mécanismes du dialogue social et du lien local entre chefs d'entreprise et salariés, entre chefs d'entreprise et bailleurs. Elle fragilise financièrement tout le dispositif qui a pourtant permis, depuis des années, de loger de nombreux salariés.
Il est vrai que la méthode du « sarkozisme triomphant » est désormais connue : la stigmatisation des acteurs, qui permet ensuite de rogner les corps intermédiaires et leurs pouvoirs. Je l'ai souligné ici même, il y a quelques jours encore, dans une question d'actualité concernant l'enseignement supérieur. Et j'attends toujours, d'ailleurs, de la part de Mme Pécresse, les « preuves d'amour » dont elle a parlé dans sa réponse.