Si la productivité des salariés est meilleure lorsque le cadre de travail est adapté, ne serait-elle pas encore augmentée avec des conditions de travail ressenties comme agréables ? Être fier de son travail, s'y sentir utile, à l'aise dans son équipe, respecté par la hiérarchie, voilà autant de facteurs d'équilibre qui disparaissent de façon très visible dans la « grève du zèle ». Faire uniquement ce qui est attendu du poste occupé se traduit par une diminution de la productivité.
Bien entendu, je renouvelle ici ma demande d'un plan national d'ergonomie participative à laquelle le Gouvernement reste sourd. Pourtant, la mise en oeuvre d'un tel plan permettrait d'améliorer les conditions de travail et d'éviter bien des maladies et des accidents professionnels.
Notre société accorde une place telle au travail et au statut socioprofessionnel que les chômeurs ont un sentiment de perte d'estime de soi et ont tendance à se replier sur eux-mêmes. Le chômage affecte la santé physique et mentale en augmentant l'anxiété, le stress, la dépression, voire les tendances suicidaires.
Sur le plan des risques psychosociaux, l'actualité nous a tristement rappelé l'importance de la protection de la santé psychologique au travail. Selon l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail, les risques psychosociaux sont devenus, en 2007, la première cause de consultation pour pathologie professionnelle ; 20 % des arrêts maladie de plus de quarante-cinq jours seraient liés à ces troubles.
Les situations de harcèlement, notamment d'ordre sexuel, requièrent également des actions spécifiques. Les femmes sont, là encore, les premières pénalisées. Je rappelle, en effet, combien votre réforme des retraites désavantage directement les femmes. D'ailleurs, avec le recul de l'âge de départ à la retraite, la pénibilité du travail aura inévitablement des conséquences sur la santé publique.
Les inégalités d'espérance de vie selon les métiers existent toujours : huit ans entre un manoeuvre et un cadre. Croyez-vous sérieusement qu'on contribuera à réduire les inégalités sociales de santé en s'attaquant à la médecine du travail ?