La médecine du travail adopte une vision globale de santé publique ; ses actions à court terme permettent de construire une politique publique de santé, sur le long terme.
L'ensemble des salariés, des employeurs et toute la société doivent réaliser combien une médecine du travail plus forte et indépendante serait bénéfique, en termes sociaux, économiques et sanitaires. Garantir la bonne santé des travailleurs et un cadre de travail adéquat constitue en effet – pour reprendre des termes économiques chers à votre gouvernement – une « plus-value », tant pour le salarié que pour l'employeur et pour l'ensemble de la société.
Selon l'OMS, le stress professionnel représenterait 2 à 3 % du PIB des pays industrialisés. Qu'en est-il des troubles musculo-squelettiques de plus en plus fréquents, qu'en est-il des cancers ou des maladies chroniques et de longue durée liés à l'utilisation de substances nocives ?
Je pense notamment aux victimes de l'amiante, à celles de l'industrie nucléaire civile et militaire, aux effets présents et à venir des produits toxiques, des nanotechnologies, de la laine de verre, de la poussière de bois, des pesticides.
Les conséquences désastreuses des pesticides sur la santé des paysans et de leurs familles sont par exemple très mal connues ; la prévention et la reconnaissance politique de ces dommages sont quasi-nulles. La France, avec 65 000 tonnes pulvérisées chaque année, est le premier consommateur européen de pesticides ; et les conséquences en termes de santé publique sont catastrophiques !
Par ailleurs, la santé au travail doit également s'intéresser à la place du travail dans l'équilibre personnel des travailleurs. Il faut se pencher sur la satisfaction au travail.
Je m'adresse ici aux chefs d'entreprises, même s'ils ne sont pas si nombreux, cet après-midi.