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Intervention de René Dosière

Réunion du 30 juin 2011 à 10h30
Fonctionnement des institutions de la polynésie française — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRené Dosière :

La véritable réforme n'est pas celle des institutions politiques, mais celle qui enclenchera un vaste mouvement de suppression des tarifs douaniers et autres protections de rentes et stimulera la concurrence à tous les niveaux de la vie économique.

Le Gouvernement est directement concerné car cette mise en application d'une nouvelle politique économique ne peut qu'avoir des incidences sur les recettes de la collectivité. Il faut donc que le Gouvernement puisse compenser ou contrebalancer les pertes de recettes qui pourraient en résulter.

La troisième raison est d'ordre moral. L'argent joue un rôle beaucoup trop important en Polynésie, et notamment dans le domaine politique. Il explique en particulier le nomadisme politique – un joli terme – que l'on constate chez les élus. La Polynésie est sans doute le seul territoire de la République où la politique enrichit quasi-systématiquement ses élus, et pas toujours de façon régulière. Dois-je vous rappeler qu'un cinquième des membres de l'actuelle assemblée ont eu affaire – ou ont affaire – avec la justice, qui est d'ailleurs heureusement devenue plus efficace – pour des motifs financiers ?

Il est d'ailleurs toujours étonnant de constater que les élus condamnés pour des détournements de fonds se maintiennent aussi facilement en place. Je sais bien que ce n'est pas une spécialité de la Polynésie, mais enfin cette caractéristique y est un peu plus forte et plus marquée qu'en métropole. C'est dire la nécessité d'un changement des mentalités, non seulement parmi les élus mais aussi dans la population. Mais la loi ne peut y prétendre car elle ne peut changer les mentalités.

Vous avouerai-je mon étonnement de constater que, dans une société aussi religieuse, l'argent puisse jouer un tel rôle ? Qu'il s'agisse de catholicisme ou du protestantisme, la religion joue un rôle considérable en Polynésie, du moins cela a été le cas dans le passé – c'est un constat, pas un jugement. D'où ma surprise, car je vous rappelle la parole de l'Évangile : « Nul ne peut servir deux maîtres à la fois, Dieu et l'argent. » Comment peut-on, en Polynésie, concilier les deux et être à ce point à l'antipode de l'enseignement évangélique ?

Il est temps de revenir aux valeurs qui étaient défendues par les autonomistes de la première heure, ceux qui ont précédé Gaston Flosse, qui ne l'était pas à ce moment-là et ne l'est devenu que plus tard.

En conclusion, je vous citerai le discours d'investiture de Francis Sanford, le 7 juin 1977 : « Si nous voulons être solidaires des plus défavorisés, nous ne pouvons prétendre, pour nous-mêmes et pour nos familles, à des revenus toujours en hausse () Il nous faut consentir à partager, donc choisir entre la satisfaction de nos appétits égoïstes et la solidarité à laquelle nous convient les immenses besoins de la communauté polynésienne. » Voilà le programme que les responsables polynésiens devraient retrouver.

(La motion de rejet préalable, mise aux voix, n'est pas adoptée.)

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