Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de René Dosière

Réunion du 30 juin 2011 à 10h30
Fonctionnement des institutions de la polynésie française — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRené Dosière :

Quand nous avons dit à la majorité qu'une telle disposition était dangereuse, elle n'a rien écouté. C'est seulement en 2007, quand le Gouvernement a présenté un autre mode de scrutin, que la majorité a estimé que celui de 2004 n'était finalement pas très bon. Il aurait mieux valu le savoir plus tôt. Mais évidemment, à cette époque, les rapports entre Gaston Flosse et le Président de la République étaient tels qu'il n'était pas question de mettre en doute la parole de celui qui n'était que le président du gouvernement de Polynésie, et qui rêvait de devenir le président de la Polynésie. Mais il ne l'a pas été : ce mode de scrutin, fait quasiment sur mesure, a abouti à ce que son adversaireOscar Temaru devienne le premier président de la Polynésie. Il faut donc toujours être très prudent s'agissant du mode de scrutin car on ne sait jamais ce que cela peut donner…

Ensuite, l'instabilité ne s'est pas terminée car Mme Girardin n'a cessé, une fois le résultat des urnes acquis, de vouloir le remettre en cause par toute une série de manoeuvres sur lesquelles je passe – il suffit de se reporter aux débats parlementaires et aux journaux de l'époque. On n'acceptait pas que Gaston Flosse soit battu en Polynésie. C'était une telle surprise qu'on a tout fait pour déstabiliser le gouvernement d'Oscar Temaru – lequel, associé au Fetia Api, avait obtenu une majorité alternative. Cette instabilité et les troubles politiques qui s'en sont suivis n'ont pas du tout arrangé les choses. Il a fallu attendre la fin de l'année 2006 pour que quelques voix, au sein du Tahoeraa, commencent à mettre en doute les pratiques de Gaston Flosse. Je dois dire que, sur ce point, notre ancienne collègue Béatrice Vernaudon, présente dans les tribunes et que je suis très heureux de saluer, a été parmi les premiers à oser prendre ses distances avec les méthodes fort peu démocratiques de Gaston Flosse. Cela lui a sans doute coûté son siège de députée, mais une telle prise de position lui vaut l'estime de très nombreux compatriotes, Polynésiens ou non.

La préparation des élections présidentielles et législatives, le climat politique qui régnait alors au sein de la droite, puis l'élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, ont créé une certaine rupture.

En effet, à partir de ce moment-là, Gaston Flosse est stigmatisé, de même que ses méthodes : il faut trouver un bouc émissaire aux difficultés de la Polynésie, les rapports de la chambre territoriale des comptes sortent les uns après les autres et démontrent des actes absolument invraisemblables. Le Tahoeraa se divise, se subdivise, et on voit apparaître alors Gaston le Petit. Celui-ci a l'appui de votre prédécesseur, M. Estrosi, qui parle carrément de lui comme d'un homme d'avenir et annonce un nouveau mode de scrutin et de nouvelles élections. Le comportement de ce ministre, qui s'apparentait plus à celui d'un ministre des colonies de la IIIeRépublique qu'au comportement d'un ministre de l'outre-mer, a suscité localement une telle hostilité qu'il a conduit les deux frères ennemis, Gaston Flosse et Oscar Temaru, à s'unir contre Gaston Tong Sang. J'aurai l'occasion d'expliquer comment ce qui nous paraissait invraisemblable du point de vue occidental n'est peut-être pas tout à fait perçu de la même manière du point de vue océanien.

Je vous rappelle, madame la ministre, que les socialistes se sont élevés contre le mode de scrutin de 2007, et Bruno le Roux a été à l'époque à l'initiative d'une proposition de loi pour un mode de scrutin alternatif : nous proposions une circonscription unique, avec des sections, une majorité et une prime majoritaire calculées dans le cadre de cette circonscription et, bien sûr, des élus pour chaque section… On nous a dit : « Ce n'est pas possible, ce n'est pas sérieux. » Je vous renvoie à notre texte, et je constate qu'aujourd'hui, c'est pratiquement le même que l'on nous propose, après une lecture au Sénat. Nous ne pouvons donc qu'être d'accord avec ce texte, mais nous nous rappelons la phrase d'Edgar Faure : « C'est un grand tort que d'avoir raison trop tôt. » Vos prédécesseurs n'avaient peut-être pas voulu reconnaître la capacité visionnaire du parti socialiste qui, ayant analysé la situation en Polynésie, savait très bien comment on pouvait essayer d'obtenir une majorité. Quoi qu'il en soit, le Gouvernement avait refusé ce mode de scrutin et il l'accepte aujourd'hui. C'est très bien ; à tout pécheur miséricorde. Mieux vaut tard que jamais, et nous y serons tout à fait favorables. La plupart des forces politiques polynésiennes l'approuvent maintenant, alors qu'à l'époque, il n'était défendu sur place que par Oscar Temaru. Il est vrai que ce mode de scrutin donnera sûrement une majorité mathématique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion