Ma question s'adresse à M. le Premier ministre, mais si Mme Lagarde veut y répondre, j'en serai très honoré.
La semaine dernière, l'Agence internationale de l'énergie a décidé de vendre 60 millions de barils de pétrole et de le faire au cours d'un seul mois, soit à peu près 2 millions de barils par jour. C'est une circonstance tout à fait exceptionnelle puisque, depuis trente-huit ans que l'agence existe, ce n'est que la troisième fois qu'une telle décision est prise.
La raison officielle est qu'il faut faire baisser les prix du pétrole et peut-être, pour nos concitoyens, les prix de l'essence à la pompe. Je crains, hélas, que la vraie raison ne soit plutôt la peur de la récession. En effet, le président Obama notamment estime que le premier semestre 2011 ressemble un peu au premier semestre 2008 et il ne voudrait pas que le second semestre 2011 ressemblât au second semestre 2008.
Je crains que ce ne soit un double échec. D'une part, les prix ne vont pas baisser à la pompe parce que le pétrole remonte déjà sur le marché new-yorkais. D'autre part, le message est très mauvais du point de vue symbolique ; il revient à dire à nos concitoyens, aux investisseurs et aux pays de l'OPEP, ne vous inquiétez pas, si le prix du baril augmente, on relâchera des réserves stratégiques et on fera baisser les prix.
Croyez-vous, monsieur le Premier ministre, que ce soit le rôle des réserves stratégiques de faire de la régulation économique des prix du pétrole, et, si jamais les prix remontaient encore, seriez-vous prêt à demander à l'Agence internationale de l'énergie de s'exposer une nouvelle fois à ce double échec ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur quelques bancs du groupe SRC.)