Effectivement, nous devons nous garder de toute caricature. À Paris comme ailleurs, nous savons bien que la résolution des problèmes posés par les jeunes en difficulté passe forcément par la coopération des différents acteurs concernés. Chaque territoire a ses spécificités : ainsi, nous n'allons pas créer un CDDF quand il existe déjà, sur le territoire, plusieurs autres structures de concertation, qu'il s'agisse des structures de réussite éducative ou des contrats locaux de sécurité. Ce qui compte, c'est que les différentes structures puissent dialoguer et essayer de trouver des solutions ensemble.
Une fois les difficultés identifiées, il faut également pouvoir disposer de moyens pour entourer les jeunes qui en ont besoin. Trop souvent, la concertation n'aboutit qu'à la mise en oeuvre d'un transfert de charges, c'est-à-dire de compétences, sans que les moyens correspondants suivent. Mon expérience dans le 20e arrondissement de Paris m'a permis de constater que l'un des moments critiques dans le parcours d'un jeune est constitué par ses premières exclusions, mêmes temporaires, du collège. Même si le parcours scolaire de ce jeune n'était pas une réussite, son exclusion du collège et le fait qu'il se retrouve dans la rue, livré à lui-même, vont constituer une rupture, à partir de laquelle il va se mettre à filer un mauvais coton.
Lorsque des jeunes sont trop durs pour suivre une scolarité régulière sans perturber le fonctionnement de leur établissement, il faut pouvoir disposer de structures permettant de les accueillir durant les périodes d'exclusion. Nous avons créé une telle structure, et la ville de Paris fait des efforts pour en créer une autre, mais il est bien évident que les capacités d'accueil sont très insuffisantes par rapport au nombre de jeunes qui auraient besoin d'être repris en main quand ils font l'objet d'exclusions scolaires.
Alors que la réussite éducative et la lutte contre le décrochage scolaire sont des points essentiels en matière de prévention, les fonds de prévention de la délinquance ne sont pas toujours disponibles pour des actions dans ce domaine. C'est dommage, car ces fonds seraient sans doute plus utiles s'ils étaient affectés à la lutte contre le décrochage scolaire plutôt qu'à la vidéoprotection, comme ils le sont actuellement.