Je le vois !
Donc, je reviens à ce sujet fondamental. Cette accumulation de dispositifs n'impressionne personne. Que vous le vouliez ou non, la solennité de ce tribunal pour enfants que vous voulez créer – sorte de rattrapage dans le dispositif – n'impressionnera pas le jeune délinquant que les CRS et les gardes mobiles n'intimident pas et qui n'a pas peur lorsque le juge le menace de la prison ! Croyez-vous vraiment qu'il sera troublé par les trois personnes qui seront réunies en face de lui et lui diront : « Ce que tu as fait n'est pas bien, attention, tu risques d'être sanctionné » ?
Nous sommes confrontés à un terrible problème sur le fond et c'est ce que vous ne comprenez pas. Tous les comportements des multirécidivistes ne sont finalement, et c'est là le plus grand danger, que des rites initiatiques qui les feront à un moment donné basculer dans les trafics mafieux et entrer dans des gangs. Tous les incidents qui conduisent souvent à ces comportements multirécidivistes, donc à ces agressions de policiers, ne sont finalement pour les plus vieux, pour les chefs de gang, les chefs mafieux dans les cités, que des rites initiatiques. Ils testent. La question est là. Ce sont les plus multirécidivistes, qui ont donc franchi les différents obstacles, qui entreront alors dans les gangs mafieux. C'est ce qui se passe dans nos cités. Et ce n'est pas en sanctionnant davantage les multirécidivistes qu'ils seront moins nombreux. Nous devons nous donner les moyens de sanctionner dès la première faute, en associant tous les acteurs : la famille et l'éducation nationale. Vous souriez, monsieur le garde des sceaux, c'est votre droit ! Mais l'affaire est sérieuse, car c'est encore une fois l'institution judiciaire qui sera ridiculisée.
Ce nouvel instrument mis à la disposition de la justice sera certes l'objet de beaucoup de publicité, mais nous devrons un jour constater son inefficacité et son inutilité et, après un combat très difficile, la justice subira, encore une fois, une défaite. Vous êtes de ceux qui auraient dû justement retenir la main de la fameuse droite populaire qui s'agite beaucoup dans les médias, mais qui n'est jamais là quand il faut mener les batailles parlementaires et qui oublie justement que c'est ici que cela se passe. Je fais rarement de tels procès, car je sais ce qu'est la vie d'un parlementaire, la vie d'un élu et je sais qu'il n'a pas don d'ubiquité. On ne peut toutefois passer en permanence à la télévision pour se présenter comme les défenseurs des victimes, de nos concitoyens, des principes et oublier de siéger dans cet hémicycle, là ou se déroule la confrontation la plus importante ! Oui, et j'assume mes propos, il y a de la démagogie de la part de ceux qui se font les ultras, mais qui sont incapables d'assumer la confrontation sur la base des chiffres, des faits et de la réalité ! Ce n'est pas non plus acceptable vis-à-vis de nos concitoyens. C'est toujours la même chose. Vous transmettez la grippe à quelqu'un et vous lui donnez un thermomètre. Qui est responsable de la fièvre, le thermomètre ou celui qui a donné la grippe ? Vous avez donc la réponse à la question concernant la droite populaire !
Nous allons défendre des amendements, essayer de nous faire entendre. Mais j'ai le secret espoir que, dans quelques mois, nous soyons capables d'ouvrir de nouveaux chantiers dans ce domaine. J'espère que vous vous poserez peut-être alors des questions. Il n'y aura pas de remède miracle. Il n'y aura pas de solution simple. Le retard pris ces neuf dernières années nous coûtera très cher. Je le sais, ce n'est pas simplement en redéployant quelques policiers et en modifiant quelques lois que nous parviendrons à gagner cette terrible bataille pour l'avenir de notre société. Il nous faudra non seulement du temps, de l'énergie, mais aussi de l'expérience et de la compétence !