Nous recevons aujourd'hui Mme Élizabeth Picard, directrice de recherches émérite à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman du CNRS, et M. Patrice Paoli, directeur d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient au Ministère des Affaires étrangères et européennes, que je remercie d'avoir répondu à notre invitation. Ils nous feront part de leur analyse de la situation en Syrie.
Le mouvement populaire en faveur de la démocratisation que l'on qualifie de « printemps arabe » s'est propagé assez tardivement à la Syrie, où la première manifestation d'importance s'est déroulée au milieu du mois de mars, trois mois après les premiers événements en Tunisie. Depuis, la contestation politique et sociale s'est intensifiée de semaine en semaine. Après quelques concessions, le pouvoir a très nettement durci le ton et la répression devient de plus en plus violente.
L'intérêt de notre Commission pour la Syrie ne date pas du déclenchement de ce mouvement de protestation : elle a créé en mai 2009 une mission d'information présidée par Mme Elisabeth Guigou, qui a présenté son rapport en juin 2010. Ce travail, auquel M. Patrice Paoli avait naturellement participé, avait été l'occasion de faire le point sur le processus de retour de la Syrie dans la communauté internationale après plusieurs années de mise à l'écart. Nous avions alors estimé que ce processus avait porté ses premiers fruits, notamment en ce qui concernait l'ouverture économique et la stabilité du Liban, et qu'il devait être poursuivi, parallèlement au renforcement de nos exigences sur les points durs que constituent en particulier le respect de la souveraineté libanaise et des droits de l'homme.
Si la récente démission du gouvernement libanais dirigé par M. Rafic Hariri à la suite du retrait de ses membres appartenant au Hezbollah n'est pas un signe positif pour la normalisation des relations libano-syriennes, c'est évidemment la violence de la répression conduite par l'armée syrienne contre les manifestants pacifiques qui nous inquiète le plus.
Le ministre des affaires étrangères et européennes a récemment souligné devant la Commission les différences importantes qui distinguent la situation en Syrie de celle qui a justifié l'intervention armée internationale en Libye. Nous sommes parfaitement conscients des efforts de la diplomatie française visant à obtenir une condamnation forte de cette répression par le Conseil de sécurité des Nations unies, et nous savons les difficultés qu'elle rencontre en raison de la position de certains pays tels la Chine et la Russie.
Nous souhaitons, Madame, Monsieur, que vous nous fassiez part de votre analyse de la situation en Syrie aujourd'hui et que vous nous donniez votre sentiment sur la manière dont elle pourrait évoluer.