Je voudrais illustrer par deux exemples les initiatives prises par BNP Paribas et qui traduisent sa mobilisation en faveur du financement des TPE et des PME.
Au début de 2010, nous avons créé les « maisons des entrepreneurs », qui rassemblent les équipes responsables du suivi commercial des TPE et des PME et celles qui gèrent leur patrimoine. Il en existe aujourd'hui 37 et nous en compterons une soixantaine à la fin de l'année, couvrant la plupart des villes importantes. Les enquêtes de satisfaction réalisées auprès de la clientèle visée, portant sur la proximité et la compétence du service proposé, expriment des réactions positives.
Nous avons, également au début de 2010, mis en place un nouveau système d'octroi des petits crédits, jusqu'à 25 000 euros, pour des durées de deux à cinq ans, à taux fixe et sans garantie, proposé en ligne et viré sur le compte de l'emprunteur dans un délai de huit jours. Nos clients en semblent très satisfaits. Depuis le début de l'année, environ un millier de crédits ont ainsi été accordés à des TPE et à des PME, pour une moyenne un peu supérieure à 10 000 euros, les plus bas s'élevant à 3 ou 4 000 euros.
L'évolution de nos prêts aux TPE et aux PME est toujours restée positive. Les derniers chiffres connus affichent une progression de 3,5 % en février 2011, et de 3,1 % en mars. En septembre 2009, nous avions arrêté un objectif de financement de 40 000 projets pour cinq milliards d'euros, durant 15 mois, c'est-à-dire jusqu'à la fin de 2010. Dans les faits, nous en avons financé 48 000 pour six milliards d'euros. Voilà qui illustre bien l'implication de BNP Paribas auprès des TPE et des PME.
Mais, comme François Pérol, qui a aussi parlé en sa qualité de président de la fédération bancaire française (FBF), nous sommes préoccupés par les conséquences que pourraient avoir les normes fixées par Bâle III, concernant la solvabilité, la liquidité, les nouvelles définitions, le calendrier de mise en oeuvre et les SIFIs. Sur l'ensemble de ces sujets, des mesures d'apparence raisonnable afin de rendre le système financier plus sûr sont intervenues au cas par cas. Toutefois, leur incidence globale sur l'industrie bancaire sera très importante.
Les banques françaises forment un système relativement concentré en termes de parts de marché. Alors que l'on compte 800 banques en Italie, plusieurs milliers aux États-Unis, plusieurs centaines en Allemagne, en France, les cinq premiers groupes réalisent 80 % du financement bancaire de l'économie. C'est pourquoi, des mesures pénalisant les établissements en fonction de leur taille ou de leur dynamisme en matière de crédits affecteraient plus spécialement nos banques, alors même qu'elles ont solidement traversé la crise financière.
Nous aurions préféré un mécanisme privilégiant la qualité de la supervision, notamment par les enquêtés que diligente l'autorité de contrôle prudentielle et le dialogue qu'elle pratique avec les établissements, plutôt que la fixation de ratios très élevés. Rappelons-nous que les plus grands sinistres se sont produits par défaut de supervision, que ce soit en Suisse, au Royaume-Uni ou aux États-Unis.
La France est le pays au monde où les encours de crédits ont le mieux progressé pendant la crise. Or, si au nom de la sécurité, on exige de la part des banques des montants de fonds propres plus élevés et des contraintes de liquidité plus fortes, la matière première du crédit se raréfiera, son coût s'élèvera et son volume se restreindra.
Les profits bancaires ont retrouvé, après la crise, des niveaux de rendement sur fonds propres de l'ordre de 12 % après impôt, comparables à ceux des entreprises du CAC 40. Nous en aurons un grand besoin au cours des prochaines années afin de constituer nos fonds propres. Ceux-ci sont les crédits de demain et proviennent de la mise en réserve de nos résultats. La politique de BNP Paribas consiste à limiter la distribution de ses dividendes au tiers de ses résultats, alors que la moyenne des entreprises du CAC 40 en distribue plutôt près de la moitié. Nous devons donc rester profitables au niveau indiqué, faute de quoi nous ne pourrions accumuler les fonds propres nécessaires à la poursuite du financement de l'économie.