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Intervention de Alain Vidalies

Réunion du 16 juin 2011 à 9h30
Alternance et sécurisation des parcours professionnels — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Vidalies :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, nous approuvons certaines des dispositions de cette proposition de loi. Il en est ainsi de la fusion du contrat de transition professionnelle et de la convention de reclassement personnalisé, que nous appelions de nos voeux dès le contre-plan élaboré par le parti socialiste en janvier 2009. Nous ne pouvons en conséquence qu'enregistrer avec satisfaction le résultat de la négociation entre les partenaires sociaux.

S'agissant de l'emploi des jeunes, il convient de rappeler quelques chiffres : 660 000 jeunes de moins de vingt-cinq ans sont aujourd'hui demandeurs d'emploi, si l'on inclut les chiffres des territoires d'outre-mer. On constate par ailleurs une dégradation de la situation des jeunes, notamment de ceux qui ont un emploi. En effet, en 1975, les salariés âgés de cinquante ans gagnaient en moyenne 15 % de plus que ceux âgés de trente ans ; aujourd'hui, l'écart est passé à 40 %.

Madame la ministre, avec Xavier Bertrand, vous avez affirmé au début de l'examen de cette proposition de loi que le chômage des jeunes était en diminution depuis le mois de janvier. Cela est vrai et il s'agit d'une bonne nouvelle, même si ce mouvement ne concerne que quelques milliers de personnes. Toutefois, comme le soulignait M. Bertrand – contrairement à vous, qui n'avez pas relevé cet élément –, on constate que les jeunes ont été les principales victimes de la crise. Ils ont payé le prix fort et cette population connaît désormais un niveau de chômage extrêmement élevé.

Par ailleurs, nous devrions tous être particulièrement attentifs à l'évolution du marché du travail depuis le mois de janvier. En effet, on peut relever une évolution assez singulière qui est certes globale mais qui concerne aussi les jeunes. Alors que le nombre de demandeurs d'emploi à temps plein, dit de catégorie A, évolue positivement, celui des demandeurs d'emploi qui ont exercé une activité réduite, longue ou courte, au cours du mois, dit de catégorie B et C, progresse. Il s'agit d'une évolution que personne n'explique aujourd'hui. Elle est à la fois paradoxale et spécifique à la période que nous traversons.

Je crois qu'il faut y réfléchir. Soit il s'agit d'une évolution générale du marché du travail significative d'une très forte précarisation – et d'une flexibilisation des contrats de travail qui ne saurait être satisfaisante –, soit cette tendance résulte du détournement de dispositifs comme la généralisation du recours aux heures supplémentaires ; il ne s'agirait alors que d'un effet en trompe-l'oeil. En tout cas, il est de la responsabilité du Gouvernement d'analyser cette situation. J'ai comparé les données : elle est inédite. Jamais une telle évolution n'a été observée au sortir d'une crise.

Les jeunes sont évidemment concernés : certes, comme vous l'affirmez, le nombre de jeunes demandeurs d'emploi de catégorie A a diminué depuis janvier dernier, mais, pour la même période, le nombre de jeunes demandeurs d'emploi relevant des catégories B et C a augmenté de 4,5 %. Le Gouvernement ne peut donc pas s'abstenir de traiter ce sujet.

Dans son projet, le parti socialiste a proposé de réagir devant une telle situation en créant immédiatement 300 000 emplois d'avenir, que vous appelez « emplois jeunes ». Je souhaite que vous cessiez de caricaturer notre position. M. Xavier Bertrand nous interpelle souvent : « Vous voulez les emplois jeunes ; nous voulons l'alternance ! » Mais ce n'est pas fromage ou dessert : nous voulons les deux ! Les uns ne sont pas exclusifs des autres.

Les emplois d'avenir que nous voulons créer dans le secteur non marchand ne sont pas une solution permanente mais bien une réponse immédiate apportée dans l'urgence aux 660 000 jeunes sans emploi. Sur le long terme, ils ne correspondent pas à notre vision de la société mais ils constituent la réponse qu'attend la jeunesse confrontée au chômage. Nous créerons ces emplois en les finançant grâce à la suppression des exonérations sur les heures supplémentaires mais, évidemment, nous développerons aussi l'alternance.

J'ai connu plusieurs manifestations de la jeunesse s'opposant à des mesures voulues par le pouvoir politique. Elle s'est par exemple mobilisée contre le CIP, le SMIC-jeunes, ou contre le CPE. En revanche, vous pouvez vérifier : il n'y a jamais eu de manifestation contre les emplois-jeunes.

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