C'est possible, et j'y suis favorable, mais je ne saurais dire à ce stade si c'est ce à quoi nous parviendrons. Faire des pressions sur le Hamas ? Oui, mais il faut aussi faire pression sur Israël, que l'on aimerait entendre répondre positivement aux demandes faites par le président Obama. Si l'on veut la paix, les deux parties doivent mettre de l'eau dans leur vin ; si l'on ne trouve pas de compromis, la paix ne sera pas durable. Point n'est besoin de vous rappeler les conséquences d'une paix injuste : le Traité de Versailles a-t-il duré beaucoup plus longtemps que ce que durent les roses ?
Tous les secteurs économiques peuvent être développés en Égypte, qui comptera demain 100 millions d'habitants, un pays riche de son agriculture, de sa capacité de transformation des produits agroalimentaires, de ses réserves de pétrole, de gaz et de minerais inexploités, de son potentiel touristique. L'Égypte a malheureusement été mal gérée. Serait-elle bien gérée qu'elle s'en sortirait très facilement, j'en suis persuadé.
À propos de la Turquie, je commencerai par souligner qu'il existe une très grande différence entre le parti politique de M. Erdogan, qui se veut « islamiste islamisant », et les autres partis de ce type dans le monde arabe. La Turquie a eu une pratique réelle de la laïcité pendant soixante années de kémalisme et cette laïcité est ancrée dans la Turquie d'aujourd'hui. Ce n'est pas le cas ailleurs ; par exemple, il en va très différemment avec les Frères musulmans en Égypte. La Turquie, qui est en train de s'imposer comme force régionale économique et militaire, peut jouer un rôle dans la région, comme elle l'a déjà fait. Elle se voit rejetée par l'Union européenne et elle cherche une autre voie. La Turquie peut regarder vers le Nord et jouer un rôle dans les républiques islamistes d'Asie ; elle peut aussi jouer un rôle au Moyen-Orient. Je vois d'un bon oeil la coopération entre l'Égypte et la Turquie pour maintenir un équilibre économique et modérateur au Moyen-Orient.