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Intervention de François de Rugy

Réunion du 14 juin 2011 à 21h30
Projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2011 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Les tentatives passées d'augmentation générale et uniforme des salaires ont d'ailleurs toujours eu le même résultat : soit l'inflation est repartie à la hausse, enlevant d'une main aux salariés ce qui leur avait prétendument été donné de l'autre, soit la compétitivité des entreprises a été amoindrie, ce qui a provoqué chômage et intensification du travail – là encore au détriment des salariés.

Dans une économie ouverte, la principale menace qui pèse sur les salariés est celle de la délocalisation ; dès lors, cette approche du pouvoir d'achat serait vouée à l'échec, et même mortifère pour l'économie française. La délocalisation n'est d'ailleurs pas simplement une menace : c'est bel et bien une réalité pour les entrepreneurs et les salariés de notre pays.

Depuis plusieurs décennies, ce sont des millions d'emplois qui ont été supprimés par les délocalisations. Dans la région nantaise, dont je suis l'élu, nous sommes bien placés pour le savoir, puisque nous avons vécu ce qui fut sans doute la première vague de désindustrialisation à grande échelle, directement due aux délocalisations avec le départ de la construction navale vers des pays à bas coûts de main-d'oeuvre comme la Corée et, aujourd'hui, la Chine. Cela a continué, vous le savez bien, dans des secteurs en pleine croissance tels que l'informatique, l'électronique grand public, la hi-fi, la vidéo, l'électroménager, la téléphonie, et maintenant l'automobile. Les intentions du groupe PSA Peugeot-Citroën, révélées la semaine dernière par la CGT, sont là pour nous montrer que ce mouvement n'est malheureusement pas près de s'arrêter. Tant que l'on cédera au dogme du libre-échange absolu sans garde-fou ni régulation, il ne faudra pas s'étonner du résultat.

Vous me direz peut-être que je m'éloigne de la question du niveau de salaire des ouvriers et des employés et de leur pouvoir d'achat. Les deux choses sont pourtant intimement liées : d'un côté on justifie les importations à bas prix, donc à bas coût de main-d'oeuvre, par la volonté d'augmenter le pouvoir d'achat – on se souvient des discours de Nicolas Sarkozy vantant les mérites du commerce hard discount – et d'un autre côté ces importations contribuent à la désindustrialisation, du fait des délocalisations. Or, tout le monde sait que la menace des délocalisations permet de justifier le blocage des salaires et la réduction de la protection sociale. Il est sûr que, si l'on veut se comparer aux salaires chinois, les salaires européens seront toujours trop élevés. J'ai eu l'occasion, il y a un an, de me rendre à Shanghai.

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