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Intervention de François Rochebloine

Réunion du 14 juin 2011 à 15h00
Accord france - Émirats arabes unis relatif à la coopération en matière de défense — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Rochebloine :

Monsieur le président, monsieur le ministre, messieurs les présidents de commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, l'accord militaire soumis à notre approbation me donne l'occasion de présenter, au nom du groupe Nouveau Centre, quelques réflexions sur la situation actuelle au Moyen-Orient et sur la position de la France dans cette région stratégique.

L'attention portée par notre pays aux équilibres de cette région n'est pas nouvelle. De tout temps la France s'est préoccupée de ce qui s'y passe en tant que puissance méditerranéenne. La grande route des échanges commerciaux et culturels entre l'Orient et l'Occident, depuis les échelles du Levant jusqu'à la Chine, passe par ces contrées.

Le développement de l'ambition méditerranéenne de la France a pris, pendant un certain temps, la forme d'une domination politique passant par des expansions. Je citerai, au début du XIXe siècle, l'expédition d'Égypte, puis la présence française en Afrique du Nord sous ses diverses modalités. Il faut bien reconnaître, même si c'est désormais un fait d'histoire et non plus une cause d'affrontement, que, dans ses entreprises, notre pays s'est heurté à l'ambition de nos amis britanniques pendant tout le XIXe siècle. La Grande-Bretagne a été très présente dans toute la région de la péninsule arabique et du golfe d'Aden, notamment auprès de l'ensemble qui constitue aujourd'hui les Émirats arabes unis.

Depuis cette époque, les relations internationales ont changé. On peut dire qu'elles sont devenues universelles. La France, membre permanent du Conseil de sécurité, a vocation à intervenir comme puissance mondiale. Elle doit adapter ses objectifs et ses interventions aux évolutions qui caractérisent ces relations.

Intervenir comme puissance mondiale, cela veut dire, je le rappelle en passant, agir en tenant compte d'une démarche européenne commune de politique extérieure ; mais celle-ci, au demeurant marquée par bien des incertitudes, doit laisser entière la possibilité d'initiatives conformes à nos intérêts, comme celle dont nous débattons aujourd'hui. Surtout, cela veut dire mener une politique qui conjugue le réalisme – la prise en compte de l'étendue exacte de nos intérêts et de nos capacités –, la fidélité à nos amis et le développement de nos rapports internationaux en dehors des champs traditionnels.

La nécessité de cette politique apparaît avec une clarté singulière dans la période que nous vivons. Nous voyons, dans de nombreux pays du monde arabe, la contestation se déployer. Ce n'est faire injure à personne que de constater que ce mouvement a surpris en Occident, notamment en Europe. Je ne suis pas sûr que nous en comprenions bien les origines et les ressorts, et je redoute, à lire certains commentaires, que ces mouvements ne suscitent des enthousiasmes et des craintes aussi exagérés les uns que les autres. Nous avons à cet égard un devoir de vigilance, conjuguant le respect de la souveraineté des États et le souci de préserver nos intérêts nationaux, et aussi l'intérêt de la paix, dont la garantie est l'une de nos légitimes priorités.

Les relations avec les Émirats arabes unis, dont l'accord que nous examinons organise l'un des aspects fondamentaux, s'inscrivent dans cette problématique générale. Elles nous donnent la possibilité d'exercer dans une région sensible nos responsabilités internationales, tout en répondant au souci d'un État de la région d'entretenir des rapports diversifiés avec les États occidentaux.

L'ouverture en 2009 de la base militaire française d'Abou Dhabi est un instrument essentiel de notre politique. Le présent accord est un développement opportun des relations bilatérales avec les Émirats.

Je ne peux que souscrire à la volonté communément proclamée par les parties de concourir à la stabilité politique dans la région du Golfe. L'engagement pris par la France d'assister militairement le gouvernement émirati en cas de menace contre la sécurité du pays ne doit pas être sous-estimé. Il faut naturellement souhaiter, pour le bien de la paix, que cet engagement ne trouve jamais occasion de s'appliquer. Du moins aura-t-il dès maintenant la force dissuasive d'une affirmation de volonté commune.

Je ne saurais conclure cette intervention sans rappeler que, dans d'autres contrées, les engagements internationaux de la France se traduisent dès aujourd'hui par l'envoi sur les théâtres d'opérations extérieures de troupes auxquelles je voudrais rendre un hommage particulier pour leur efficacité et leur dévouement.

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