Monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des affaires étrangères, mes chers collègues, je ne vais pas revenir longuement sur l'analyse géopolitique qui vient d'être excellemment développée par notre collègue Henri Plagnol. Je rappellerai juste que le Golfe persique se situe au coeur de l'arc des crises et qu'il est l'une des quatre zones critiques identifiées par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Il mérite, à ce titre, toute notre attention.
Le même Livre blanc appelait à une présence militaire française renforcée dans cette partie du monde, ce à quoi répond précisément l'accord de défense que nous examinons.
L'implantation de la base militaire française d'Abou Dhabi marque incontestablement un tournant dans nos relations avec nos amis émiriens. Nous entretenons avec les Émirats arabes unis un partenariat solide, mais nous partageons aussi des convergences d'analyse importantes sur la scène internationale. Je rappelle que les Émirats sont engagés à nos côtés en Libye et que nous soutenons leur demande d'accréditation d'un ambassadeur auprès de l'OTAN. L'implantation d'une base militaire permanente sur leur territoire constitue un témoignage d'amitié très fort entre nos deux pays. Ce sont eux qui étaient demandeurs. Qui plus est, ce traité fait suite à un précédent traité : il n'y a donc rien de nouveau sous le ciel bleu des Émirats.
Cette base, la première ouverte à l'étranger depuis plus de cinquante ans, et sur laquelle j'ai eu la chance de me rendre à déjà trois reprises, regroupe aujourd'hui toutes les composantes ou presque de l'armée française : un état-major interarmées de 50 militaires ainsi que des services de soutien communs et spécialisés qui emploient 110 hommes ; une base aérienne de 140 militaires et dotée de six Rafale ; une base navale et de soutien de 40 marins capable d'accueillir tous les bâtiments de la flotte, y compris le groupe aéronaval, ce qui n'est pas rien ; enfin, un groupement tactique interarmées de l'armée de terre fort aujourd'hui de 330 hommes et qui sera porté d'ici à 2014 à 600.
Pourquoi est-il si important pour la France de disposer d'une telle base ? Il s'agit tout d'abord de conforter notre statut de puissance globale, présente dans toutes les régions du monde, en particulier les plus sensibles. La base d'Abou Dhabi vient compléter, dans le Golfe persique, le dispositif qui existe déjà à Djibouti et permet de créer une synergie, notamment dans le domaine de la lutte contre la piraterie.
Cette base servira également, à l'image des autres forces prépositionnées dont nous disposons dans le monde, de point d'appui prioritaire pour nos troupes en cas d'intervention dans la région. Elle constitue déjà une étape logistique indispensable pour l'approvisionnement et l'envoi de nos soldats sur le théâtre afghan.