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Intervention de Yves Durand

Réunion du 14 juin 2011 à 15h00
Lutte contre le décrochage scolaire — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Durand :

Monsieur le président, monsieur le ministre chargé des relations avec le Parlement, mes chers collèges, vouloir combattre l'échec scolaire c'est considérer que l'échec à l'école est un scandale et qu'il faut absolument l'éradiquer.

Actuellement, de 150 000 à 180 000 jeunes sortent du système éducatif sans aucune qualification et sans diplôme. Ils sont, à l'évidence, livrés à un futur chômage, voire à des dérives qui peuvent les mener jusqu'à la délinquance, comme le démontrent toutes les études.

La lutte contre le décrochage scolaire devrait donc être une priorité nationale et celle de l'éducation nationale. Or, force est de constater que ce n'est pas le cas aujourd'hui. En effet, aucune des dispositions qui tentent de lutter contre l'échec scolaire n'a apporté de véritable résultat. Ces espèces de millefeuilles de dispositifs non lisibles sont aussi inefficaces les uns que les autres et ne donnent pas les résultats attendus, malgré l'implication du corps enseignant notamment.

On connaît les conséquences sociales, économiques et humaines de l'échec scolaire sur des familles qui considèrent souvent que l'échec de leur enfant est leur propre échec. Plutôt que de stigmatiser ces familles en leur imposant des dispositifs inefficaces – je pense notamment à la suspension des allocations familiales en cas d'absentéisme – mieux vaudrait prévenir l'échec scolaire lorsqu'il apparaît, dès la petite enfance.

Il y a deux logiques : d'un côté ceux qui se résignent et renoncent à remédier à un échec déjà perceptible, de l'autre ceux qui ont pour ambition de combattre les inégalités dès la petite enfance et de prévenir l'échec avant qu'il ne touche l'élève en difficulté. C'est pourquoi nous voulons faire de l'école maternelle une véritable école, au centre d'un véritable service public de la petite enfance, qui soit le lieu où le décrochage scolaire est combattu et où l'on peut l'éradiquer. Pour ce faire, notre proposition de loi prévoit de rendre la scolarité obligatoire dès l'âge de trois ans.

Le débat en commission et en séance publique a démontré que notre texte recevait l'attention, sinon l'approbation de nombre de députés. J'ai entendu beaucoup de nos collègues de la majorité dire que notre politique était intéressante et qu'il fallait la mettre en place. Il est dommage que le ministre de l'éducation nationale ait avancé que notre logique était contraire à celle qu'il menait et que par conséquent elle était inutile et qu'il fallait la rejeter. Je regrette que nos collègues de la majorité, après avoir déclaré qu'ils étaient sinon d'accord du moins intéressés par les dispositions que nous proposions, aient suivi le ministre en se déclarant opposés à notre texte par un réflexe que je ne comprends pas très bien, alors que nous aurions pu trouver un consensus. Ce sujet devrait, au contraire, réunir l'ensemble des Français, et d'abord l'ensemble de leurs représentants. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

(M. Jean-Pierre Balligand remplace M. Bernard Accoyer au fauteuil de la présidence.)

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