Lors de la discussion générale sur la proposition de loi, j'avais choisi de concentrer mon propos sur les aquifères profonds et je souhaite y revenir aujourd'hui car il s'agit à mes yeux d'un sujet essentiel.
Les aquifères profonds sont alimentés par des réseaux presque toujours méconnus : lorsqu'on verse de la fluorescéine à cinquante kilomètres, on la retrouve à la résurgence, ce qui signifie que le bassin de réception est extrêmement vaste. Au reste, les professeurs Avias et Mattauer, qui furent mes maîtres à la faculté des sciences de Montpellier, ont enseigné toute l'importance des aquifères. Il s'agit en effet de la seule eau que l'humanité peut consommer quasi directement. Ainsi, sans jamais faillir, l'aquifère de la source du Lez alimente tout au long de l'année 500 000 habitants dans la région de Montpellier. Dans le cadre des recherches en eau du département de l'Hérault, nous venons de découvrir un nouvel aquifère qui permettra de pallier une pénurie prévisible, à terme, dans tout le coeur du département. Or l'étude géologique qui figure dans l'excellent rapport de nos collègues – et je partage sur ce point l'analyse d'Yves Cochet – me semble très insuffisante. On n'y parle que du risque de prélèvement d'eau dans la nappe phréatique mais le problème est tout à fait différent : la nappe phréatique, on connaît ses limites et on sait comment elle est abondée alors que l'on ne sait rien de l'aquifère profond. Dans le sud de la France, il y a nombre de failles et de résurgences comme à Fontaine de Vaucluse ou à la source du Durzon. Ce sont des aquifères de première importance car ce sont eux qui répondront demain aux besoins en eau potable. C'est pourquoi il importe de ne prendre aucun risque sans disposer au préalable d'études géologiques très poussées.