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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 9 juin 2011 à 9h30
Introduction d'une taxe sur les transactions financières en europe — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

…car cela relève plutôt de France Dimanche ou d'Ici Paris !

Venons-en à notre sujet. Trois ans après le début de la crise, cette proposition de résolution européenne sur l'introduction d'une taxe sur les transactions financières en Europe offre l'occasion au pouvoir politique de prouver sa détermination à contraindre un tant soit peu le pouvoir hégémonique de l'économique.

Depuis plus de dix ans, de projets de loi de finances en projets de loi de finances rectificative, les députés du groupe de la gauche démocrate et républicaine se battent pour instituer un tel dispositif qui limiterait l'appétit sans limite des spéculateurs. Notre persévérance et notre constance dans l'analyse payent enfin. Tous ceux qui considéraient cette taxe comme une licorne très belle, mais hélas chimérique, se sont donc trompés puisque, aujourd'hui, sur tous les bancs de la représentation nationale semble dominer un même sentiment : la spéculation doit être freinée et les spéculateurs doivent être mis à contribution. Mais comme dirait le Premier ministre, il y a les croyants et les pratiquants, et nous, nous souhaitons ajouter la pratique à la foi. De ce point de vue, monsieur le secrétaire d'État, vous avez des marges de progression, il n'y a pas de doutes, et pour vous cela risque d'être un chemin de Damas !

Depuis trois ans, le Président de la République a multiplié les déclarations favorables à la mise en place d'une taxe sur les transactions financières, une taxe – je vous livre la citation exacte tant certains mots sont étranges dans sa bouche – « morale compte tenu de la crise financière, utile pour dissuader la spéculation et efficace pour trouver de nouvelles ressources ». C'est ce que disait le Président de la République le 24 janvier 2011.

Mais, au lieu de défendre son idée dans une enceinte où ses chances d'aboutir étaient bonnes – je veux parler de la zone euro – Nicolas Sarkozy, en quête de reconnaissance internationale et soucieux d'apparaître en bon génie de la finance, a courageusement choisi de porter cette taxe au G20. Le Président de la République ne pouvait ignorer que, pour le G20, la régulation financière doit s'arrêter là où commencent les affaires juteuses des marchés financiers. La tentative du chef de l'État était vouée, dès le départ, à l'échec. C'était donc une manoeuvre pour pouvoir faire porter à d'autres la responsabilité de bloquer une décision que le président des riches ne souhaitait en aucune façon prendre.

En effet, de la réglementation des hedge funds à l'encadrement des bonus, voilà maintenant trois ans que le Président de la République égrène son chapelet de fables et veut nous faire croire que, sous son action efficace, le capitalisme a été régulé et la finance moralisée. J'ai bien entendu, monsieur le secrétaire d'État, ce que vous avez dit en réponse à Pierre-Alain Muet. Le Président de la République a au moins réussi à convaincre quelqu'un : c'est vous ! C'est sûrement le début de quelque chose, mais il reste beaucoup à faire.

Malheureusement pour Nicolas Sarkozy et pour nous, les 135 milliards de dollars de bonus accordés …

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