Je vais vous lire un petit texte qui remonte à 1890. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) J'entends, par cette lecture, vous rappeler les principes d'équité, de justice et de partage que vous semblez avoir oubliés. Pour que l'impôt soit juste, il faut qu'il soit redistributif et progressif.
Ce texte est contemporain des débats sur l'instauration de l'impôt sur le revenu : « Tous ceux qui aujourd'hui ne paient pas leurs parts d'impôt, les gros rentiers, les gros fonctionnaires – car il y avait à l'époque de gros fonctionnaires –, les médecins, les avocats à large clientèle, les gros industriels, seraient taxés selon leurs ressources, et l'on pourrait dégrever d'autant les cultivateurs, les petits commerçants, les ouvriers. Aujourd'hui, les financiers, tous ceux qui vivent du maniement des grands capitaux, ne paient presque rien. Ils ont des résidences multiples (« À New York ! » sur les bancs du groupe UMP), des châteaux, des parcs, des villas, des écuries de marque, des collections d'art (« À New York ! »), qui ne sont guère qu'une vanité de plus. Le secret de leurs affaires est subtil mais, s'ils cachent leurs moyens de fortune, ils étalent leur fortune, et c'est à la surface de leur vanité qu'il faut en prendre la mesure. C'est là ce que ferait l'impôt sur le revenu tel que nous le proposons. Et de combien de millions nous pourrions alors diminuer la charge de pauvres gens ! » Et c'est signé Jean Jaurès !