Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Enver Hoxhaj

Réunion du 1er juin 2011 à 10h30
Commission des affaires étrangères

Enver Hoxhaj, ministre des affaires étrangères du Kosovo :

Selon la constitution kosovare, dix sièges sont réservés à la communauté serbe et dix autres pour les autres communautés, l'idée étant d'assurer une représentation qui soit la meilleure. C'est ce qui était prévu selon le plan Ahtisaari mais seulement pour les deux premiers mandats. Il devrait y avoir une prochaine révision de la constitution pour modifier les dispositions sur cette question. Tous les partis politiques sont d'accord pour maintenir une répartition de sièges réservés aux minorités.

La question des trafics est prise très au sérieux et nous suivons cela de près car nous appartenons aux Balkans, c'est-à-dire que nous sommes un pont entre l'ouest et l'est. Cette situation a toujours été exploitée. La lutte contre la criminalité et contre la corruption fut aussi sous la responsabilité de la communauté internationale (de l'ONU, de 1999 à 2008) ; désormais, c'est l'EULEX et notre Gouvernement qui collaborent sur cette question. Cela étant, si l'on compare Pristina avec les différentes capitales européennes sur le plan du taux de criminalité et de la violence, Pristina est sans doute l'une des plus calmes.

En ce qui concerne les questions de citoyenneté, sont citoyens ceux qui reconnaissent la constitution et qui sont nés chez nous. Notre situation sur les questions de pluriethnicité n'est pas très différente de celle qui prévaut dans les autres pays de la région. La citoyenneté est acquise de la même manière qu'en France, et nous essayons aussi de régler la question clef des flux migratoires. Au Kosovo, l'Etat et la société sont laïcs, et les Kosovars ont cette vision depuis 200 ans. La religion n'est pas un obstacle à la vie publique, son rôle est limité en politique et elle n'appartient pas à la vie institutionnelle.

Entre 1999 et 2008, la question du retour et de l'accueil des Serbes a été importante. Aujourd'hui, la majorité des Serbes vivent au Kosovo de la même façon qu'auparavant ; ils ne sont pas limités au nord ou en Serbie. Le droit au retour n'est plus une question aussi importante aujourd'hui.

La question du pont sur le fleuve Ibar à Mitrovica est un problème du nord, créé par la Serbie en juin 1999 pour contrer l'indépendance du Kosovo. Si l'objectif n'était pas atteint par la Serbie, ce problème du nord persisterait pour faire échec à l'Etat du Kosovo. Je vous invite à réfléchir à ce qui se passe en Bosnie et en Republica Serbska. Il y a une véritable source d'inquiétude, y compris au Kosovo.

En ce qui concerne notre relation à la Turquie et notre patrimoine ottoman, je dirais que nous avons la même relation qu'avec les autres pays de la région, commerciales en grande part. Cela étant, notre plateforme est clairement européenne et nous travaillons ardemment vis-à-vis de l'Union européenne et sa reconnaissance. Ces trois dernières années, des pays non-alignés nous ont reconnus, d'autres hésitent encore ; nous essayons aussi de travailler cette question. Cela étant, certains ne se sont peut-être pas aperçus que Tito était mort et qu'il fallait changer de point de vue car la réalité a changé !

M. le président Axel Poniatowski. Monsieur le ministre, je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation et d'avoir bien voulu répondre en détail à nos questions. Nous avons bien compris les efforts déployés par le Kosovo pour devenir un grand pays.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion