Vous êtes le premier membre d'un gouvernement kosovar à être reçu par notre commission, ce qui n'est pas anormal si l'on se souvient que votre pays n'a proclamé son indépendance que le 17 février 2008, il y a plus de 3 ans.
La France a été l'un des premiers Etats à reconnaître cette indépendance, mais je ne vous cacherai pas qu'une partie d'entre nous étaient alors sceptiques sur la viabilité du Kosovo. Aujourd'hui encore, nous nous interrogeons sur la pérennité des frontières actuelles de votre pays, alors que la zone située au nord de l'Ibar continue d'être, de fait, sous l'autorité de la Serbie. Un certain nombre d'étapes et d'obstacles ont été franchis par le Kosovo au cours de ses trois premières années d'indépendance, mais beaucoup reste à faire.
Parmi les évolutions positives, je citerai le déploiement d'EULEX, qui assiste les autorités kosovares dans le domaine de la justice, de la police et des douanes, l'absence de heurts entre la majorité albanophone et les différentes minorités ethniques, la plus forte participation des Serbes vivant dans les enclaves aux élections législatives de décembre dernier, et le début du dialogue entre Belgrade et Pristina. Les défis à relever restent considérables, qu'ils tiennent à la normalisation d'une vie politique encore chaotique, à la lutte absolument indispensable contre toutes les formes de criminalité organisée, ou à la relance d'une économie conditionnée à la privatisation des grandes entreprises des secteurs de l'électricité et des télécommunications, notamment, et à la réalisation d'investissements considérables.
Pour l'aider, le Kosovo peut compter sur la communauté internationale et sur l'Union européenne, même si cinq des vingt-sept Etats membres n'ont pas encore reconnu votre indépendance. Mais il doit surtout mener lui-même une politique résolument orientée dans la bonne direction.