Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nombreux sont les députés socialistes à avoir salué le principe d'une réforme de l'ISF à moins d'un an de l'élection présidentielle comme une initiative qui ne manquait pas d'un certain courage politique.
Je ne suis pas sûr que cet hommage ne cachait pas une pointe de cynisme. Vous espériez probablement, chers collègues de l'opposition, profiter de l'aubaine d'un retour à l'affrontement de classes qui a tant pénalisé, par le passé, la nation française !
Pourtant, d'affrontement, il n'y a point, M. Brard le regrettait tout à l'heure ; de voix qui s'élèvent fortement et de manifestations populaires, il n'y a guère davantage. C'est pourtant une réforme importante, une réforme emblématique diront certains, qui va occuper nos débats jusqu'à la fin de la semaine et est en passe de devenir l'exemple d'une réforme conduite avec excellence alors que les obstacles étaient nombreux. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Ils étaient nombreux, parce que – je dois être sincère – nous nous attaquons à l'un des principaux tabous français, en l'occurrence l'argent des Français les plus aisés. Toujours caricaturée par la gauche, qui n'est jamais à cours d'excès, la majorité a engagé depuis 2007 une profonde réforme du revenu qui encourage fiscalement les Français à travailler davantage également, qui les encourage également à entreprendre et innover, ce qui conduit à s'enrichir et à posséder.
Or la gauche est toujours partie du principe inverse, estimant que, comme pour le travail, seul un raisonnement malthusien peut s'appliquer à la richesse : pour que chacun travaille, il faut moins travailler ; pour que chacun possède, il faut moins posséder.
Il n'est donc pas surprenant, chers collègues de l'opposition, que nous nous trouvions à nouveau face-à-face, même si plusieurs d'entre vous pensent peut-être en leur for intérieur que notre réforme est réussie, voire qu'elle ne va pas assez loin. Vous vous opposerez donc avec vigueur à ce que nous qualifions fort à propos de retour à une contribution de chacun en proportion de ses facultés respectives, dans un esprit de solidarité des Français les plus aisés envers la nation française tout entière.