Comment le pourrait-elle alors que le marché lui réclame des taux d'intérêt de 15 % à 17 % sur ses obligations à deux ans et de 25 % sur ses emprunts à dix ans ? C'est aberrant, cela n'a aucun sens sur le plan financier ou économique. Ce pays ne peut pas rembourser sa dette aux conditions qui lui ont été assignées.
À en juger par l'évolution des marchés, je ne suis pas le seul à le penser. Aujourd'hui comme vendredi dernier, cela ne s'est pas très bien passé sur les marchés, vous l'aurez constaté monsieur le ministre. De semaine en semaine, et sans doute de mois en mois, nous allons ainsi vers une catastrophe probable, repoussée mais pas assumée.
Nous savons tous que la solution passe par une restructuration ; reste à en fixer les conditions et les modalités. Nous connaissons aussi les dangers de cette restructuration : une panique éventuelle. Mais va-t-il falloir aller vers l'aberration, dans le mur, au motif que l'on risquerait d'inquiéter celles et ceux qu'il a fallu sauver il n'y a pas si longtemps, il y deux ans, en volant à leur secours ? Souvenez-vous, monsieur Chartier : le crédit interbancaire, les 350 milliards d'euros. Ceux-là, lorsqu'il s'agissait de les sauver, on ne les a pas affolés. Mais demain, on les affolerait !
Sans donner de montant, Mme Lagarde nous a expliqué qu'il allait falloir voter une rallonge subséquente pour le fonds de stabilisation européenne afin que les 440 milliards d'euros puissent être transformés en prêts tout en bénéficiant de la note AAA. Où va-t-on ainsi ? À mon avis, les marchés ne seront pas plus convaincus après-demain qu'ils ne le sont aujourd'hui.