Ses conclusions ne constituent pas une surprise : je rencontre régulièrement mes homologues européens, et je suis le président de l'association mondiale des services d'emploi publics (AMSEP). Cela étant, c'est la première fois qu'un travail aussi complet est réalisé pour recenser les effectifs des opérateurs concernés et pour établir une répartition par missions. Ce rapport confirme que le service public de l'emploi est plutôt moins doté en France qu'à l'étranger.
On constate, en premier lieu, que les missions d'accueil et d'indemnisation sont assurées avec des effectifs un peu moins nombreux en France, ce qui est assez surprenant en matière d'indemnisation. Le système français est, en effet, assez complexe par rapport à celui d'autres pays. En Grande-Bretagne, par exemple, un simple forfait est appliqué, indépendamment des situations individuelles.
Une seconde observation est que nous consacrons plus d'effectifs aux relations avec les entreprises, ce qui est assez logique. La mission de nos homologues allemands et britanniques est, en effet, relativement différente de la nôtre : nous nous inscrivons dans une logique d'intermédiation entre la demande et l'offre, ce qui nous conduit à servir deux types de clients, les demandeurs d'emploi et les entreprises. Notre offre à destination de ces dernières est beaucoup plus complète et diversifiée que celle de nos voisins. La stratégie retenue en Grande-Bretagne est plus axée sur le placement des demandeurs d'emploi en situation de difficulté, et celle de l'Allemagne est concentrée sur les très grandes entreprises, qui recrutent beaucoup.
C'est toutefois sur l'accompagnement que porte la véritable différence : nos effectifs sont deux ou trois fois moins nombreux dans ce domaine.
Tout ce qui va dans le sens de l'activation des dépenses passives d'indemnisation favorise naturellement la réduction des dépenses d'indemnisation. Plus l'accompagnement est renforcé, plus il augmente les chances de retour à l'emploi, et plus il réduit les dépenses d'indemnisation.
Nous avions réalisé, avant la fusion, une étude sur l'efficacité du reclassement selon qu'il est effectué par les opérateurs privés de placement rémunérés par l'UNEDIC, dans le cadre des dispositifs d'accompagnement renforcé de l'ANPE, ou dans le cadre des dispositifs classiques. Il est apparu, tout d'abord, que le taux de retour à l'emploi des personnes accompagnées de façon plus intensive était plus élevé – on pouvait s'en douter, mais cela n'avait jamais été clairement établi. Quand ce sont des demandeurs d'emploi indemnisés qui retrouvent du travail, cela représente autant de dépenses en moins pour l'assurance chômage. Une seconde observation était que l'accompagnement réalisé par l'ANPE était un peu plus efficace en matière de retour à l'emploi que celui des opérateurs privés de placement. Cela étant, il faut rappeler que ces derniers ne faisaient que débuter leur activité dans ce domaine.
De façon générale, une réduction d'un mois de la durée moyenne du chômage représente plus d'un milliard d'euros d'économies pour l'assurance chômage. En consacrant davantage de moyens à l'accompagnement, on renforce non seulement les possibilités de retour à l'emploi, mais on réduit aussi les dépenses d'assurance chômage. Cela étant, les payeurs ne sont pas les mêmes.