La réforme de la comptabilité nationale doit-elle précéder la prise de conscience, ou celle-ci doit-elle l'accompagner, voire la précéder ?
La nature n'a pas seulement à être préservée pour des raisons éthiques ou esthétiques ; elle doit être considérée comme un facteur de production. Mais si l'on se préoccupe du capital parce qu'il a une rentabilité, du travail parce qu'il a une productivité, pour la nature l'approche est moins aisée. C'est pourquoi les réflexions sur la valeur économique de la biodiversité me paraissent très utiles. Quand les citoyens se rendront compte que la nature est productive, la raison les conduira peut-être à la préserver…
Une autre difficulté vient de ce que, alors que le propriétaire du capital est identifié – ce qui crée le lien entre le facteur capital et sa rentabilité –, de même que le travail est celui d'un individu – ce qui relie le facteur travail et sa rémunération –, on ne saurait dire qui est propriétaire de la nature. Il est donc plus malaisé de la regarder comme un facteur de production parmi les autres. Qu'en pensez-vous ?