À la différence de mes collègues socialistes, je voudrais remercier M. Gosselin de ce qu'il vient de nous dire.
D'abord, parce que, comme il l'a rappelé tout au long du débat, il y a une cohérence dans ses propos. Ils découlent d'une conception qui va bien au-delà des sujets précis dont nous débattons, une conception de l'embryon, une conception de la vie, une conception de la morale, qui mérite d'être respectée, d'être exprimée, et que vous avez défendue, monsieur Gosselin, dans de nombreux domaines. Nous l'avons encore entendue tout à l'heure à propos de l'aide médicale à la procréation pour les couples homosexuels. Je respecte ce point de vue, et je vous remercie de l'avoir exprimé dans sa cohérence.
Je vous remercie aussi parce que, disant cela, vous avez finalement donné raison au président de notre commission spéciale. Vous l'avez dit vous-même implicitement, il y a deux choix possibles : soit l'interdiction – vous l'auriez souhaitée –, soit l'autorisation encadrée. C'est très exactement ce que le président Alain Claeys a dit.
Et si je vous remercie, c'est aussi pour votre franchise et votre courage. Mais alors, pour le coup, c'est aussi pour dénoncer l'absence de franchise et l'absence de courage du Gouvernement. En effet, la position qu'il prend n'est pas de vous donner raison : il ne peut naturellement pas assumer une telle orientation, pour des raisons sur lesquelles je n'ai pas besoin de revenir. Cela constituerait un vrai recul, pour ne pas dire une régression, non par rapport à vos valeurs, mais par rapport à la législation antérieure. Mais le Gouvernement ne veut pas non plus se rallier à notre position, parce que cela reviendrait à créer la division dans son propre camp et, d'une certaine manière, dans son électorat.
Ainsi ce que je regrette, mais qui m'apparaît très clairement depuis le début de cette discussion, en première et en seconde lecture, c'est que l'on a assisté, pour reprendre les termes d'un auteur qui doit vous être cher, Charles Péguy, à une dégradation de la mystique en politique. Je ne dirai pas que c'est la politique de la pire espèce, car ce serait très excessif, mais c'est la politique dans tout ce qu'elle a de déplaisant et d'électoraliste. Nous n'avons pas affaire à un gouvernement qui assume ses choix. Il a d'ailleurs accepté d'y renoncer au fur et à mesure que le débat avançait, par exemple sur la levée de l'anonymat. Nous avons affaire à un gouvernement qui veut remporter une victoire politique.