Il est également faux de dire qu'elle ne respecterait pas la dignité humaine, car on fait de la recherche autorisée et encadrée sur le foetus, sur le nouveau-né, sur l'enfant, sur l'adulte et sur les tissus prélevés après la mort.
Il est totalement faux d'affirmer que les cellules souches embryonnaires n'auraient pas de propriétés particulières et pourraient être suppléées par les cellules IPS. Ces cellules n'ont rien de comparable, elles sont considérées comme très vieillies par rapport à celles issues de l'embryon. Rappelons-nous, dans un autre ordre d'idées, le cas de la brebis Dolly, qui n'a pas échappé au phénomène du vieillissement.
Donc, si aucun argument rationnel n'échappe à la critique, c'est que le choix doit simplement reposer sur les croyances individuelles et sur les conceptions idéologiques. Chacun peut, en son âme et conscience, avoir un avis favorable ou défavorable, mais nul ne doit invoquer la science pour s'opposer à cette recherche. Ceux qui hésitent doivent laisser le choix ouvert et opter pour une autorisation encadrée de la recherche, qui ne sera naturellement pas une obligation, et qui s'appliquera aux seuls programmes de recherche importants issus de la sélection que l'encadrement organisera au quotidien, sous l'autorité de l'Agence de la biomédecine.
Je rappellerai brièvement en quoi la recherche est indispensable sur les cellules souches et sur l'embryon, comme d'ailleurs à tous les stades de la vie. Elle permet, bien sûr, d'acquérir des connaissances fondamentales, objectif aujourd'hui essentiel. Dans le futur, elle permettra de restreindre les échecs encore beaucoup trop nombreux des fécondations in vitro – 80 % des cas – et donc de limiter la production très excessive d'embryons surnuméraires, ce qui aura, bien évidemment, un effet bénéfique. Elle permettra aussi de lutter contre toutes les pathologies, beaucoup plus fréquentes après une fécondation in vitro parce que nous ne connaissons pas les effets induits sur ces cellules isolées, à la différence de ce qui se passe dans l'organisme maternel. Il importe de réduire les risques de maladies – autisme, maladies de l'empreinte, entre autres – plus fréquents après une fécondation in vitro. Et ce sera encore un moyen de limiter les infertilités.
Les tenants de l'interdiction de la recherche sur l'embryon nous ont tout à l'heure proposé la non-implantation d'embryons, avec un projet parental, en cas de décès du père. Pour eux, l'embryon n'a donc pas un projet propre, naturel, régulier d'évolution vers la vie. (Murmures sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Pour rester cohérents avec leur propre conception, ils doivent être favorables à la recherche sur l'embryon et les cellules souches.