J'aimerais reprendre l'argumentation de Jean Leonetti, en rappelant d'abord que la femme a un libre arbitre total.
Elle est d'autant plus à l'abri de toute pression que l'implantation ne s'envisage que dans un délai supérieur à six mois, parfois à un an. Elle n'est plus alors soumise à la pression morale éventuelle des discussions qu'elle a pu avoir dans la période qui a précédé la mort de son conjoint. Ce choix est donc fait à froid, il est réfléchi, pesé en conscience par la mère, dont le libre arbitre ne doit pas être sous-estimé.
Jean Leonetti nous donnait l'exemple d'un couple ayant conçu un embryon avant que le mari ne décède d'un cancer traité par chimiothérapie.
Je lui soumettrai un cas différent de celui qu'il a évoqué, qui devrait l'amener à évoluer, et peut-être même à changer d'avis : celui d'un homme en phase pré-agonique qui, sachant que cela sera refusé à sa femme quand il sera mort, demande que l'embryon soit implanté avant son décès. Loin d'être théorique, cette situation s'est déjà présentée à plusieurs reprises dans notre pays.
Nous sommes donc face à ce constat insupportable qu'en interdisant l'implantation post mortem, nous incitons des hommes en fin de vie à hâter le début d'une grossesse chez leur femme au moment même où celle-ci les accompagne dans leurs derniers moments. Ces couples savent que c'est le seul moment où ils seront autorisés à développer cet enfant.
Voilà pourquoi il me paraît important de laisser le choix à la femme et, pour éviter qu'elle ne précipite le début de cette grossesse et lui permettre de prendre sa décision dans la sérénité, de lui offrir un délai de réflexion de six mois, un an ou un an et demi. C'est, pour moi, la sagesse et la raison.